• Le Cercle de Toutes les Nations
    Une Culture de Paix

    (texte prit sur le site :http://perso.orange.fr/phil.lemaire/cerclenations.htm)

    Il fut prédit que le temps viendrait où la voix des peuples autochtones s’élèverait de nouveau, après cinq cents années de silence et d’oppression, afin de nous guider vers un feu éternel de paix, d’amour et de fraternité entre toutes les nations.

    Les Ceintures Wampum Sacrées
    Trois ceintures wampum guident le travail de l’Aîné William Commanda.

    La ceinture de la Prophétie des Sept Feux
    L’Aîné Commanda serait le gardien de cette ancienne ceinture sacrée au moment même du dévoilement du message décisif de la ceinture, un message portant sur le CHOIX quant aux relations que nous entretenons les uns avec les autres et envers toutes les créations de la Terre Mère. Serons-nous alors guidés par des valeurs de partage, d’équilibre et de co-existence harmonieuse ?

    La ceinture de la Grande Paix de 1701
    Sur cette ceinture comportant trois figures et qui évoque le PARTAGE équitable, les ancêtres de William Commanda ont inscrit, à l’aide de coquillages sacrés wampum, leur compréhension du partage des ressources de leurs territoires ancestraux avec les nouveaux arrivants, Français et Anglais, dans un esprit de confédération. La valeur inhérente du partage demeure un thème d’actualité.

    La ceinture du traité de Jay relatif au passage frontalier
    Cette ceinture met en évidence le message spirituel fondamental des peuples autochtones quant à l’ABSENCE DE FRONTIÈRES. Les Mamuwinini, ou nomades, peuple de William Commanda, appartiennent au continent nord-américain en entier et, à ce titre, entretiennent un lien sacré avec le territoire qui leur a donné naissance et se sentent responsables envers celui-ci. Comme dit l’Aîné Commanda, " Mon territoire est comme la rivière qui coule, comme l’oiseau qui vole et comme le vent qui souffle. "

    La vision et le travail de l’Aîné autochtone William Commanda
    Le Cercle de Toutes les Nations n’est ni une organisation ni un réseau, mais plutôt une éco--communauté mondiale unie par la conviction inébranlable de l’Aîné Commanda que, d’une façon très fondamentale, en tant que filles et fils de la Terre Mère, nous sommes tous reliés, quelle que soit notre race, nos croyances ou notre culture.

    William Commanda – OJIGKWANONG
    William Commanda, arrière-petit-fils de Pakinawatik, chef héréditaire des Algonquins, est né le
    11 novembre 1913 dans la réserve de Kitigan Zibi au Canada. Il est venu au monde afin de remémorer l’histoire de son peuple et de frayer un chemin dans l’avenir. L’Aîné Commanda est le gardien de trois ceintures wampum, qui revêtent un caractère historique et sacré. Chef de la réserve de Kitigan Zibi pendant plus de dix-neuf ans, il fut aussi guide, trappeur et homme des bois, fabricant de canots d’écorce de bouleau et artisan de renommée internationale. Il dirigea la marche Sunbow Five ("Arc-de-Soleil Cinq") pour la Terre Mère. Conférencier et leader spirituel respecté lors de rassemblements au Canada et à l’étranger, il participe de façon régulière aux vigiles spirituelles des Nations Unies pour la paix. Il est reconnu mondialement pour son engagement à promouvoir l’harmonie interraciale et interculturelle, la justice sociale et le respect pour la Terre Mère. Récipiendaire des prix Wolf Project Award et Harmony Award pour sa contribution au développement de l’harmonie interraciale par la création du Cercle de Toutes les Nations, il accueille chez lui un rassemblement annuel international tous les mois d’août. Ce qu’il nous enseigne :
    " Nous devons nous rassembler en un seul cœur, un seul esprit, un seul amour et une seule détermination. "

    Les rassemblements de Grand-père Commanda
    Au cours de sa vie, " Grand-père " William Commanda a été témoin à maintes reprises de l’oppression de son peuple et de la quasi-destruction de son territoire, de sa langue et de sa culture. En 1961, souffrant d’un cancer incurable et arrivé au point le plus creux de sa vie, il vécut un profond éveil spirituel, qui le posa fermement sur le Chemin Rouge du pardon, de l’amour, de la compassion et de la réconciliation. Il comprit alors l’urgence de réunir les peuples des quatre races symboliques de l’humanité, de développer des relations basées sur ces valeurs et de créer une synergie qui contribuerait à la transformation spirituelle d’un monde perçu par plusieurs comme étant " en faillite spirituelle ".
    Au cours des décennies, il a présenté sa vision au Canada et à travers le monde de façon singulièrement autonome. Les gens à travers le monde entier ont été touchés par l’étendue et la profondeur de son travail acharné visant à promouvoir l’harmonie raciale et la compréhension interculturelle, à soutenir le développement spirituel et à éveiller les consciences sur les questions environnementales et les abus envers la Terre Mère, et ce, sans aucune infrastructure formelle.
    Le rassemblement spirituel annuel qu’il accueille chez lui chaque été est incontestablement la plus spéciale de ses activités. Des centaines d’hommes et de femmes partent des quatre coins de la planète pour se rendre à Maniwaki où ils assistent à des cérémonies sacrées de calumet, de loge de sudation et de lever du soleil, prennent part à des discussions sur quatre grands thèmes qui lui sont chers (la sagesse autochtone et le respect envers la Terre Mère, l’harmonie interraciale, la justice sociale et la paix) et participent à des activités reliées aux arts, au tambour, à la guérison et de nature sociale. Ses rassemblements sont soigneusement conçus pour favoriser la guérison individuelle et collective, pour construire la communauté au sens large, pour soutenir le développement et la responsabilisation des jeunes et pour intégrer le principe créateur au développement spirituel, social et communautaire.
    En fin de compte, c’est sa profonde humilité, son amour sans limites et sa grande compassion pour tous qui incitent tant de personnes à reprendre contact avec leur propre potentiel, à s’élever vers l’accomplissement de leur destinée personnelle et à prendre leur juste place au sein de leur communauté.

    L’emblème du Cercle de Toutes les Nations

    Cet emblème distinctif comporte plusieurs symboles qui revêtent un sens particulier pour les autochtones, pour les non-autochtones ainsi que pour William Commanda lui-même.
    Les quatre couleurs du Cercle Sacré, dans leur sens plus élémentaire, représentent les quatre races symboliques (les peuples Jaune, Noir, Rouge et Blanc), les quatre points cardinaux (l’Est, le Sud, l’Ouest et le Nord), et les quatre éléments (le Feu, la Terre, l’Eau et l’Air). Le symbolisme et les enseignements de la Roue de Médecine Sacrée sont profonds.
    La Tortue, représentant ici l’Ile de la Tortue (l’Amérique du Nord) est décrite de façon similaire dans la mythologie et les légendes des peuples autochtones de l’Ouest, des Hindous de l’Est, des Zulus du Sud, pour n’en citer que quelques uns. Selon ces mythes, la Tortue est l’animal qui a donné sa vie pour créer la Terre dans l’étendue de la Mer et du Ciel. Elle demeure un symbole de sacrifice, de créativité et de fertilité. Le conte occidental " le Lièvre et la Tortue " souligne l’importance de la persévérance dans la poursuite de nos rêves et l’atteinte de nos objectifs.
    L’Arbre Sacré est une épinette photographiée par William Commanda. Quatre troncs séparés émergent de l’unique base de cet arbre de 75 pieds. Les sept racines de l’arbre, qui s’élève dans le ciel, poussent à travers la Tortue vers l’intérieur de la Terre Mère et de la Mer, unissant le tout. Il représente La Prophétie des Sept Feux de la ceinture wampum sacrée que William Commanda garde pour le peuple depuis plus de trente ans. (La chute de l’arbre de l’Est survenue le 1er juillet 2001 met en évidence le caractère urgent de la Prophétie.)
    La présence des autres arbres nous rappelle l’importance des arbres pour la Terre Mère et dans nos vies en général. Actuellement, alors qu’il observe avec douleur le passage interminable des camions de coupe de bois à travers son territoire ancestral, William Commanda dit: " Ça me donne la sensation d’une aiguille qui me perce l’oeil. "
    Les Montagnes représentent le Lac des Deux Montagnes, territoire ancestral de l’Aîné Commanda. Elles représentent également l’ascension de la Montagne Sacrée dans notre Quête de Sagesse.
    L’Étoile du Matin symbolise l’illumination et la vision et, comme elle brillait si vivement au moment de sa naissance, la mère de William
    Commanda décida de l’appeler " Ojigkwanong ".

    " Un Cercle de Toutes les Nations, Une Culture de Paix "
    La Prophétie des Sept Feux insuffle une vision pour un avenir où :

    • Nous honorons notre relation avec la Terre Mère et toute forme de création et notre responsabilité envers celles-ci ;
    • Nous mettons en valeur nos talents individuels et notre diversité ; tout en reconnaissant et respectant notre place à l’intérieur d’un cercle de toutes les nations.
      La démarche est simple :
    • Nous tournons d’abord notre regard vers l’intérieur, afin de mieux nous connaître nous-même. Nous admettons et reconnaissons nos imperfections et notre difficulté à atteindre notre plein potentiel, et nous nous pardonnons.
    • Nous pardonnons aux autres pour toute souffrance ou douleur qu’ils peuvent nous avoir causée ainsi qu’à nos communautés, en espérant que cette énergie les transformera spirituellement.
    • Nous reconnaissons que nos pensées, nos paroles et nos actions ont un effet sur nous-mêmes, sur la Terre Mère et sur toute forme de création, et nous faisons le choix conscient de la paix.
    • Nous écoutons notre tête mais faisons confiance à notre cœur avant tout. Ce chemin nous mènera vers l’amour, le partage, le respect, la compassion, la guérison, la justice, la responsabilisation et la réconciliation.

    Il est d’une importance cruciale que les hommes et les femmes du monde entier : prennent immédiatement des mesures pour contrer l’exploitation, l’injustice, le racisme et la guerre ; éveillent l’aptitude pour le pardon, la compassion, l’amour et la réconciliation et créent une synergie afin d’assurer l’amélioration de la vie de chacun et de chacune d’entre nous.
    Nous allumerons alors ensemble le huitième feu et construirons :

    " Un Cercle de Toutes les Nations, Une Culture de Paix "

    Le texte ainsi que l'emblème sont issus du site suivant :
    http://www.circleofallnations.ca/


    1 commentaire
  • Monsieur Commanda, qui a participé, en tant que Chef spirituel, à plusieurs rassemblements mondiaux pour la paix, nous offre avec beaucoup de générosité ce que la vie lui a enseigné.

    Son message nous indique la voie à suivre maintenant pour la sauvegarde de notre seule richesse : l'avenir de nos enfants.

     

    La Terre-Mère et le Créateur

     

    Il y a certainement des choses auxquelles il faut faire attention aujourd’hui. On abuse trop de la Terre-Mère. On a vécu ici durant 60 000 ans avant que les Européens viennent ici : tout était vierge, tout était pur. L'eau était potable partout : les ruisseaux, l'air qu’on respire était pur. Aujourd'hui partout il y a le cancer et les gens meurent comme des mouches. Pour faire plus d'argent, les industries ne s'occupent pas de nettoyer leurs déchets. L'argent tue le monde : on va se retrouver écrasé par la nature polluée parce que ce n'est pas la bonne façon de vivre.

    La terre n'appartient à personne. Si vous voyez votre bible, il est dit dans l'Ancien Testament, chapitre 25 verset 23, que la terre appartient à Dieu. On nous a apporté cette bible là et après les gouvernements se sont mis à vendre les terrains et nous isoler les uns des autres. Ils sont venus ici et ont pris le contrôle de tout. Pas un homme ni un animal ne peut appartenir à quelqu'un. Mes visions me disent tout le temps qu'il n'y pas un homme sur la terre qui a le droit de penser qu'un autre homme lui appartient, même s'il est un nain, tout petit soit-il. Il est lui aussi une création. C’est l'enfant de Dieu comme moi. Il ne m’appartient pas et je ne lui appartiens pas. Comment ça se fait quand on parle de gouvernement, on dit tu vas faire ça sinon tu vas faire de la prison. C’est toujours de la force pour faire faire quelque chose. User de la force, c'est un crime. La force, ce n'est pas un droit. Le droit nous dit : «la loi, c’est la loi». La loi de qui ? Pas celle du Créateur. Avant, pendant des milliers et des milliers d'années, on ne parlait pas de loi. Les ancêtres disaient que ce qui doit nous guider, c’est toujours de vivre de façon à respecter la terre et être ami avec tout le monde.

    L'homme ne sait plus poser de limites. Regardez l'eau qu'il faut boire, il y a de l'uranium dans l'eau ici. Même quand on prend une douche, on se demande ce qui nous coule sur le dos. Parce qu'on a creusé des puits, on est descendu 200 pieds dans la terre. Alors on a dérangé la Terre-Mère. On creuse des trous, des mines pour aller chercher l'or , l'argent ou n'importe quoi d'autre. Ce sont des choses que les Premières Nations ne faisaient pas. On n'était pas intéressé par ce genre de richesse. Mais nous avons aussi ce problème aujourd'hui. Certains ont des millions à la banque et peuvent encore passer tout droit devant quelqu'un dans le besoin. J'ai lu dans un journal qu'aux États-Unis, l'homme le plus riche au monde possède 85 billiards. Tout ça rien que pour un homme qui ne donne rien aux autres. C'est triste. On devient attaché à l'argent. C'est ça qui est triste, parce qu'on ne peut pas emporter ça avec nous autres.

    L'histoire des Algonquins

    Quand Cartier est arrivé ici en 1534, mes ancêtres ont ouvert les bras en disant : « débarquez, il y a de la place pour tout le monde ». Les gens étaient malades, on faisait une tisane et on les guérissait. Mais pourquoi ils ont voulu nous isoler, nous séparer? Quand nos frères blancs sont arrivés, les Anglais et les Français, ils étaient déjà en guerre. Alors ils ont continué la guerre ici, et ils nous ont employés. Les Français nous donnaient du brandy pour se battre contre les Anglais et contre les Iroquois. Les Iroquois ont eu de la chance parce qu'ils ont rencontré les Anglais et sont devenus alliés avec eux. Nos ancêtres nous ont dit qu'auparavant, les Iroquois ne venaient pas dans province de Québec. Ils ont été amenés ici par les Anglais, pour se battre contre les Français. La rivière Gatineau, c'est « Tenagaten » pour nous. À cause d'un homme qui s'appellait Gatineau, on a changé le nom de la rivière. «Tenagaten », ça veut dire « la rivière qui monte tout le temps et qui va loin ». Ils y a quelques années, on a parlé de lui donner le nom qu’elle avait avant, mais ils n'ont gardé que « Tenaga » (une section de la municipalité de Chelsea aux abords de la rivière Gatineau). Nous autres, on dit pas la rivière Gatineau, on dit «Tenagaten ». Ça n'a jamais changé . Il y a beaucoup de noms qui ont changé, même sur les cartes, on voit que c'était des noms indiens. Anciennement, avant qu'elle soit inondée la rivière était bien croche. Quand on dit « baska », on devrait plutôt dire « biské », ca veut dire « croche », et c'est de là que vient le nom du réservoir Baskatong.

    La Rivière Ottawa (Outaouais), on y vivait des deux côtés à partir du St-Laurent jusqu'où ça monte l'autre bord de la barrière. C'était tout habité par des Algonquins. Ils étaient nomades. Nous autres, quand on était à Oka, on allait rester à « nipisi » avec les indiens là-bas, et eux venaient rester à Oka. On voyageait comme ça, on n'était jamais à la même place. Les territoires de chasse étaient partout dans le bois ici en montant, en arrière il y a des lacs, derrière Montebello, en arrière du Mont-Tremblant, les rivières, la Rouge, la rivière La Lièvre : tout cela était nos territoires de chasse. Des chasseurs, il en avait beaucoup. Et les forêts de pin blanc, ça existait tout le long de la rivière Ottawa (Outaouais). On les a coupé des années durant. Ils s'en venaient sur la rivière avec des barques et les millions de pieds de bois qu'ils coupaient chaque année.

    En 1822, mon arrière grand-père est parti de là (Oka). Il était le deuxième chef. Il est venu ici, sur ce qui se trouvait être son terrain de chasse (Maniwaki), son territoire de trappe. Il y a travaillé à faire des abris. En 1854, il y avait officiellement une réserve qui devait comprendre Notre-Dame du Nord, le Témiscamingue et le lac Barrière. On nous a dit qu'on viendrait vivre ici tous ensemble, mais il y a des gens qui avaient des territoires de chasse, leur rivière ailleurs et c'est comme ça qu'ils ont continué à rester à des endroits fixes et on a fini par se séparer.

    Les Blancs nous ont appelé toutes sortes de noms. Pourtant on leur a rien fait de mal. On leur a fait de la place pour survivre mais ils se sont mis à prendre le contrôle de toutes nos ressources naturelles, la forêt, notre gibier, la chasse, la pêche. Nous autres, notre monde, c'est ici, la Desert, où nos grands ancêtres avaient leurs territoires de chasse. Des gens nous disaient : « vous n'avez pas le droit (de chasser et pêcher)». Il faut une licence pour pêcher (en dépit des traités) . On nous a emprisonné pour ça. Ça change aujourd'hui avec la Cour Suprême (qui reconnait les traités). Ça a pris dix ans à la Cour Suprême pour comprendre. Maintenant on commence à comprendre que c'était mal tout ça et on veut nous redonner le contrôle de la forêt, de la pêche et de la chasse. Ça sera à nous autres d'être obligés de négocier entre nous à l'avenir. Si ça ne se passe pas comme ça, la nature et le monde n'ont pas d'avenir.

    J'aurais aimé vous expliquer bien des choses dans ma langue mais vous ne comprendriez pas. Il a très lontemps, en 1700, la langue algonquine était enseignée. Il y a eu beaucoup de Français qui ont parlé nos langues. J'en ai connu ici. Dans les premiers magasins, autour de 1935-45, les blancs nous parlaient en indien. Mais ça n'existe plus maintenant. La langue indienne, c'est peut-être la seule langue dont je puisse dire qu'elle est bien propre. On ne peut pas employer les mots indiens pour blasphémer contre le Créateur. Quant on est en colère, on va blasphèmer contre nos mauvais esprits. C'est ce qu'était notre vie, et il faut maintenant pousser le racisme de côté et essayer de travailler ensemble, essayer de vivre ensemble. Peut-être qu'on peut sauver le monde, mais le monde n'écoute pas.

    Le pardon

    La Terre-Mère nous parle maintenant. Elle vit la Terre-Mère, elle nous donne la vie. Le Créateur lui a donné la responsabilité de prendre soin du monde et de nous soigner, de nous donner toutes les choses qu'on peut manger pour vivre. Elle a gardé seulement l'eau, les lacs, les rivières. Tous les fruits qu'elle nous rend à chaque été sont gratuits parce que l'argent n'existe pas pour elle. L'argent n'existait pas pour nous. Mais depuis que l'argent est arrivé ici tout va mal. Je ne veux pas critiquer personne. Le Créateur veut que je les aime et je les aime. Et quand je dis que je les aime, ça vient du fond du coeur parce qu’il faut toujours pardonner tout le temps. Si on avait pas pardonné aux voyageurs, on aurait mis des choses dans les édifices fédéraux et provinciaux pour les faire sauter, comme dans d'autres pays où les gens sont en guerre et s'entretuent. Ce n'est pas comme ça qu’on veut vivre, ce n'est pas une solution. La solution est que l'on puisse revenir tous ensemble. Le Créateur veut qu'on soit une personne, la création était faite pour une personne. On s'est divisé en milliers de noms et de religions. C’est plus de la compétition qu'autre chose. Tous disent que le leur Dieu est meilleur que l'autre, que l'autre c'est un démon. C'est ce qu'ont fait les missionnaires quand ils sont arrivés ici. Les missionnaires nous disaient que notre façon de vivre, en remerciant Dieu tout le temps pour toutes les choses qu’il nous donne, comme lorsqu'on allait ramasser les bleuets pour faire des cérémonies, c'était des superstisions.

    Il y a des gens qui se demande pourquoi il faudrait pardonner ? C'est la seule solution, si on ne pardonnait pas, jamais on ne respecterait quelqu'un. Il faut pardonner pour respecter puis aimer. Parfois, c'est difficile de pardonner, c'est difficile parce qu'il y a le passé, il y a ce qui est arrivé à mes ancêtres. Nos enfants ont souffert dans les écoles, ils ont été violés. On pardonne maintenant, on ne va pas brûler les églises pour ça. Il faut pardonner et aimer. Mais quand vous dites à quelq'un « je vous aime », il faut que ça vienne de là (le coeur). Parce que souvent on entend dire « je t’aime » par la bouche alors que le coeur dit « je te hais ». Mais ça ne donne rien de pleurer sur son sort. Il faut aller de l'avant. Je prie pour les gens qui ont fait du mal dans le passé. Je veux pas critiquer personne. Le Créateur veut que nous soyons compatissants. Ce n'est pas d'haïr les autres et de blasphémer contre quelqu'un qui sauvera le monde. J'ai 86 ans, j'ai un petit peu de temps devant moi mais je n'ai pas le temps d'haïr personne. C'est la compassion entre nous qui va changer le monde.

    L'avenir de nos enfants : notre seul bien à sauvegarder

    Il y a beaucoup de choses auxquelles il faut faire attention aujourd’hui. Si on ne change pas la manière de faire on aura bientôt coupé toutes les forêts. Des gens coupent douze mois à l’année, il n'y a pas une journée où ils arrêtent pas de couper du bois, et ils ont des enfants ces gens-là, des petits-enfants. Mais ils ne pensent pas aux enfants, à l’avenir. Il faut qu’ils vivent aussi les jeunes, ils vont aller planter les arbres et ça va prendre 50 ans avant qu'il repoussent et il aura le temps de mourir 10 fois. Les enfants, c’est précieux. Les enfants, c’est important de penser à eux maintenant. Quand on faisait la chasse, on en laissait toujours comme des semences pour les prochaines années. On prennait ce qu'on avait besoin pour vivre. On ne pensait pas à l'argent, on mangeait la viande. C’est bien difficile aujourd’hui de faire comprendre ça aux jeunes. Les jeunes, maintenant ils vont à l'université et au collège, on a même des avocats ici. Ils comprennent, mais pas de là (le coeur). Ils me disent avec leur bouche « ah oui, je suis avec toi », mais de l’autre côté (le coeur), ils pensent à l'argent, parce qu’ils ont appris cette manière de vivre. On va dans l'espace. Pourquoi dépenser autant d'argent alors qu'en même temps, il y a du monde sur la terre dans d’autres pays qui n'ont plus rien à manger. On gaspille des milliards et des milliards de dollars alors qu'on pourrait nourrir les autres et les soigner, pour les enfants. On préfère dépenser l'argent pour n'importe quoi d'autre. En tous les cas il faut leur pardonner et les aimer quand même.

    Je ne sais pas combien de temps le Créateur vas me garder, et je vais un peu partout pour essayer de parler au monde pour qu'on arrête de couper le bois, la forêt, parce qu’ils ont des enfants eux aussi et il faut penser aux enfants. On peut pas couper tout en 2 ou 3 ans et tout raser net pour se retrouver avec rien. Il faut penser à nos enfants parce que nous, on est ici rien qu’un moment, et quand on s’en va, c’est l’autre qui doit continuer. Mais si on détruit toutes ces choses, il ne restera rien pour nos descendants. Et on dit pourtant qu'on aime nos enfants. Si on aime nos enfants, on va penser à leur avenir. Si on détruit tout dans notre temps, quand viendra le temps à nos enfant de vivre, que feront-ils? Il faut y penser sérieusement. La seule solution est de redevenir plus proches et de souvent parler à nos enfants. Le Créateur veut que ça se passe ainsi. Il n'y a pas deux créateurs, il en a pas trois ou quatre, il y a un Créateur pour le monde entier.

    Mon histoire et mes visions : la réunion des peuples du monde

    Je ne suis jamais allé à l’école moi. J’ai vécu dans le bois, j’ai appris comment faire des canots, des raquettes, trapper. J’ai guidé les touristes une quarantaine d’années. Je me rappelle l’année de la crise, en 1930-35, je construisais beaucoup de canots d’écorce, des petits canots et des grands.

    J’ai bu pendant une quarantaine d’années dans ma vie et je me souviens, je n’étais pas un ange. L'alcool fait bien des torts. Mais en 1969, j’ai fait un gros rassemblement ici (Maniwaki) à cause de visions que j’ai eu en 1961. En 1963, j’ai commencé à aller partout pour parler avec les autres. Finalement, on a fait un rassemblement et on a invité tous ces gens qui étaient supposés être nos ennemis depuis des années, les Iroquois.

    J’ai fait le tour du monde entier, j’ai construit un canot pour la reine du Danemark en 1981. J’ai été en Suisse et j’ai assisté à la réunion des nations. Il y avait toutes les races ensemble et moi, comme Indien du Canada, j’étais associé avec les autres pour la guérison du monde entier, pour revenir ensemble, parce que le Créateur veut qu’on parle seulement avec une seule langue quand on dit une prière.

    Je suis allé en Oregon le 20 novembre 1999, à Portland, pour rencontrer The World Religions. Des gens de toutes les régions du monde y étaient présents. C'est comme ça qu'on apprend à vivre ensemble, en rencontrant toutes les races au monde. On parle ensemble et on prie ensemble. Il faut que ça soit comme ça, il n'y a pas d'autres issues.

    Les aînés et les enfants sont plus proches du Créateur. L'aîné redevient un enfant : il ne peut pas s'aider comme quand il avait trente ans. Dans ce temps là j'allais chasser l'orignal. Maintenant, j'ai du mal à monter les escaliers. Je me dis : « comment ça se fait, je portais de lourdes charges déjà et je ne peux même plus porter mon corps ». On devient comme des petits bébés.

    Le tambour

    C'est long rester tout seul ici. Quand je m'ennuie, je prends le tambour et je fais une chanson. Voulez-vous je vous chante une chanson? La chanson dit : « merci Créateur », le père de tous les pères, de nous donner la vie pour s’aimer ensemble. C’est ça ma chanson. Le tambour est en peau de chevreuil. J’en fait moi aussi, j’en ai fait beaucoup que j’ai donné à tout le monde. On ne doit pas vendre le tambour. C’est comme le battement du coeur du Créateur et c’est sacré. Les chants qui se font sont les pensées du Créateur, et les danses sont toujours pour le Créateur.


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