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Par ti pied le 4 Juin 2006 à 10:00quand je pense qu on nous fait la moral pour l environnement et que nos cher chef d état son pire que nous!c est a eu d arrété tout ca ! c est eu les plus polueur pas le peuple!l argent toujours l argent ils n'ont que ca a la bouche!il sent foute de nous et de la terre!nous sommes que des pions numéroté qui leur améne l argent! c est eu qui sont entrain de tuer la terre!Notre intarissable soif de pétrole menace les grands espaces du nord de lAlaska
Dans la région pétrolifère de lAlaska que les habitants appellent le North Slope (Versant Nord), largent, les luttes dinfluence et les rumeurs sont aussi envahissantes que les moustiques. Il sagit de la partie la plus sauvage de lEtat le plus sauvage des Etats Unis, une étendue de toundra représentant plus du tiers de la France et descendant en pente douce de la chaîne de Brooks aux rivages des mers de Beaufort et des Tchouktches. Cest aussi lune des plus riches, tant pour sa biodiversité que pour ses réserves dhydrocarbures. Le pétrole de lAlaska couvre 17% des besoins intérieurs des Etats-Unis et fournit 90% des revenus de létat. Au cur de la région une zone denviron 58 000 km2 dont les champs pétrolifères qui ne cessent de sétendre à partir de la baie de Prudhoe appartient à lAlaska. Le reste, hormis quelques domaines possédés par des Inupiats locaux, dépend des autorités fédérales. Les terres fédérales sont limités à lest, par lArctic NationalWildlife Refuge (ANWR, ou refuge national de la vie sauvage Arctique), aux paysages grandioses ; et, à louest, par le plus vaste domaine dun seul tenant de lAlaska 93 000 Km3 Le National Petroleum réserve Alaska (NPRA, ou réserve nationale pétrolière de lAlaska). Contrairement à ce quindique on nom, il ne sagit pas dune gigantesque cuve à pétrole, mais le plus vaste étendue sauvage non protégée du pays, qui abrite un demi million de caribous, des centaines dours et de loups, et, en été un nombre incalculable doiseaux marins ou côtiers et de rapaces.
Les biologistes font valoir depuis des décennies que certaine zones de la Réserve pétrolier revêtent un plus grande importance pour la faune que le refuge arctique. Mais devant limmensité des gisements de pétrole, de gaz et de charbon quest supposée receler la Réserve, ces chercheurs ont été priés de modérer leurs propos. Et, alors que la bataille autour de lextension des forages à lANWR faisait rage au Congrès, le gouvernement Bush a concédé de vastes étendues de la NPRA et des eaux côtières au plus offrant, une décision qui pourrait transformer toute la région en champ dextraction de pétrole et de gaz. Certaines de ces concessions comprennent des habitas vitaux pour les oies, les caribous et les baleines boréales dont se nourrissent les Inupiats depuis des milliers dannées. Propriétaire de vastes territoires communaux, les 5 000 Inupiats qui habitent sept villages isolés et la ville de Barrow pourraient devenir les nouveaux barons du pétrole du XXIeme siècle. Mais ils risquent de même coup de perdre ce qui fait deux des Inupiats, et nombreux sont ceux que cette perspective inquiète.Aucun village ne ressent de façon plus aiguë les retombées du boom pétrolier que Nuiqsut, un lotissement dune centaine dhabitations qui surplombe le fleuve Colville, aux confins orientaux de la NPRA. Comme cest maintenant le cas pour bon nombre de villages, la plupart des maisons ont été construites sur le même modèle, dans le cadre du programme daide au logement. Peintes de couleurs vives, elles disposent de leau courant et dun générateur alimenté au diesel, pour léclairage et la télévision. Les villages eux, bénéficient dune école moderne, dune clinique et dune caserne de pompier.
Pendant vingt ans, la zone de forage était très isolée pour quon y prête attention, mais elle sest progressivement étendue en direction de Nuiqsut. Le champ pétrolier le plus récent, le site dAlpine, entre en service en 2000 est déjà à 13km du village, dans le delta du fleuve. La compagnie qui lexploite, ConocoPhillips, lavait initialement présente comme un modèle de développement pétroler utilisant une technologie de pointe à faible impact sur lenvironnement et avec des accès routiers provisoire. La compagnie prévoyait deux sites de forages directionnels pour pomper une surface souterraine de 160 km2 en ne polluant que 40 ha de toundra. Depuis ConocoPhillips a revu ses chiffres de production à la hausse et cinq nouveaux sites de forage sont en construction.Avec la multiplication des concessions à lintérieur de la NPRA, Nuiqsut est littéralement cerné par les tours de forages, les routes creusées dan la glace et les équipements lourds qui circulent sur la toundra pendant tout lhiver la saison des forages, pour éviter les sols détrempés. Cette activité fournit quelques emplois aux habitant de Nuiqsut, mais elle a surtout fait fuir les caribous, les obligeant à aller chercher le quoi se nourrir à 20 ou 30 km de chez eux. Bien que les villageois, regroupés en coopérative, aient reçu chacun environ 3 000 dollars lan dernier au titre de la participation aux bénéfices dAlpine, tout le monde est davis, dans la région, que Nuiqsut est perdant dans laffaire.
« Les gens du village sont fous de rage, me confie Bernice Kaigelak, qui enseigne la langue et les arts traditionnels Inupiats à lécole du village. Nous essayons de trouver un équilibre entre léconomie de subsistance et le mode de vie occidental. Il y a des secteurs que nous ne voulons pas quils saccagent, mais, quoi quon dise ou quoi quon fasse, ils nen font quà leur tête. »
Chester Hopson, un jeune chasseur, memmène là où les deux mondes entre en collision.. Alors que les températures de septembre tournent déjà autour de 0°C et que les vents balayent la toundra, il lance sa petite barque en aluminium de 6m de long sur le fleuve aux eaux vert pale qui charrient des glaçons. Son cousin Anthony, qui travaille à Alpine et doit aller chercher sa paie au bureau de la compagnie , son frère Andrew et un ami, Joe Frank Sovalik, tous âgés , comme lui dune vingtaine dannées, ont décidé de nous accompagner.
Bientôt, nous nous engageons sur les eaux agitées du fleuve, et Chester manuvre entre les hauts fonds. Quelques kilomètres plus loin, un rectangle grisâtre de graviers denviron 2m de haut se dresse sur la rive droite. Des containers y sont empilés, prêts pour la saison des forages. Sur le site dexploitation suivant, une tour de forage se dresse tel un phare rouillé au milieu dune mer fauve. Chester échoue son embarcation dans une petite crique de vase ou les ours et les caribous ont laissé leurs empreintes et nous faisons à pied le kilomètre restant à travers la toundra spongieuse. Derrière nous, la vaste plaine côtière sétend sans le moindre relief jusquà lhorizon. Le spectacle est étrangement beau, presque irréel, donnant une impression de vide infini. Seul être vivant, un plongeon huard solitaire danse sur les eaux près des berges. En été, pendant la saison de reproduction, le delta du Colville regorge doiseaux sauvages, parmi lesquels les rarissimes plongeons à bec blanc et les eiders à lunette, deux espèces menacées par lexploitation pétrolière.eider à lunette plongeon à bec blancQuand nous approchons de limmense tour de forage, avec ses lumières aveuglantes, sa noria de camions et le vrombissement des moteurs diesel, nous avons limpression de sortir du désert et de voir surgir Las Vegas. Nous nous dirigeons vers les baraquements et, après avoir retiré nos bottes, nous allons nous attabler à la cafétéria pendant quAnthony va chercher son chèque ? Les repas étant gratuits sur les sites, tout le monde se sert copieusement de chips, de boissons gazeuses et de poulet frit. Malgré la relative proximité des sites et lattrait de salaires élevés, peu dInupiats travaillent sur les champs de pétrole. Ils répugnent à y rester deux semaines durant sans rentrer chez eux et se plaignent de la discrimination dont ils sont victimes, ne se voyant offrir que des emplois ingrats.
De retour à la barque, nous redescendons le fleuve sur quelques kilomètres jusquà la maison de la grand-mère de Chester, une cahute en contreplaqué posée sur la rive, au milieu du bric-à-brac typique dun camp de chasse inupiat : batteries usagées, vieux réchauds, barils rouillés. Cest le repaire des Inupiats, me confient les cousins, leur refuge pour chasser, pêcher et être libres. Cest là quils se retrouvent pour échapper au stress de la vie, a ronflement des 4x4, au ronronnement permanent de la télé, à lennui du village. Mais même dici, on peut entendre la tour de forage, les générateurs, les avions, les hélicoptères et un aspirateur grand comme une benne à ordure qui avale les fuites de pétrole.
« Avant, quand cet oléoduc nétait pas encore construit, les troupeaux de caribous venaient ici, soupire Chester. Jadorais les entendre courir. Le sol résonnait comme dans Danse avec les loups. Le pétrole est une bonne chose pour lemploi, mais il bouleverse tout. » Je propose un marché à mes jeunes compagnons : « Imaginons que je suis le patron de ConocoPhillips. Joffre à chacun de vous 10 millions de dollars pour cette cabane et le terrain autour. Vous êtes preneurs ? Non « répondent-ils dune seule voix.lac Teshepuk
Actuellement ce sont les terres de chasse de Nuiqsut qui sont misent en coupe réglée. Et demain, sur quelle zone lindustrie pétrolière jettera-elle son dévolu ? Contrairement à ce que lon aurait pu craindre, ce ne sera pas sur la plaine côtière de lANWR zone 1002 -, mais sur le lac Teshekpuk, le plus grand réservoir deau douce de la région. Situé sur une étendue de 18 500 km2 du secteur nord-est de la NPRA- celui dont la concession a provoqué le plus de remous-, le lac et ses abords marécageux, son dédale de ruisseau et ses mares, sont considérées comme lune des zones de mue les plus importantes pour les oies et les autres oiseaux de lArctique. Un tiers des bernaches cravants de la planète, par exemple, perdent leurs plumes près du lac, d même que des dizaines de milliers de bernaches du Canada, doies rieuses, doies des neiges et des cygnes siffleurs. Ill sagit aussi des territoires de mise bas des quelques 45 000 caribous de la harde de Teshekpuk, qui fait littéralement office de réserve de viande pour quatre villages. Chaque année, près dun dixième de la harde finit dans les assiettes des Inupiats.
Le lac Teshekput est le pays de Dieu, affirme lancien maire de la commune, George Ahmaogak, qui possède deux camps de chasse dans la région. On peut tout trouver ici, des oiseaux aquatiques, des poissons et des caribous. Nous nous sommes toujours efforcés de protéger cette zone, mais aujourdhui, lAdministration Bush débarque et nous dit douvrir entièrement, aux concessions.
En 1977, lAdministration Carter avait classé le lac zone spéciale en raison de son importance pour la faune. Deux autres zones spéciales avaient également été crées à lintérieur de la NPRA : les falaise du Colville, où nichent des milliers de faucons pèlerins, des faucons gerfauts et de buses pattues et le bassin supérieur de lUtukok, territoire de mise bas pour la harde de caribous de lArctique occidental. Cette année là, et à nouveau en 1980, le Congrès avait chargé le secrétaire dEtat à lIntérieur de sassurer que toute activité dans cette zone soit menée « avec le soucis déviter des dégâts inutiles en surface et den atténuer limpact écologique sur lensemble de la réserve. » Même James Watt, le secrétaire à lIntérieur de Ronald Reagan resté célèbre pour son allergie à lécologie, avait interdit toute concession sur 800 km2 au nord du lac pour protéger les oies.
Lorsquelle décida douvrir la NPRA à lexploration pétrolière, à la fin des années 1990, lAdministration Clinton commanda une étude dimpact environnemental concernant lensemble du secteur nord-est. Apres de nombreux rapports sur la faune caribous et oies et dinnombrables réunions avec les villages dépendant du gibier pour leur subsistance, le secrétaire à lintérieur de lépoque, Bruce Babbitt, étendit la protection à plus de 2 000 km2, mais ouvrit les 87% restants du secteur aux concessions pétrolières. Cependant, certains de ces gisements les plus prometteurs se trouvaient sous la petite zone protégée.
Une formation géologique baptisée « arc de Barrow » longe le lac, et presque tous les gisements de pétrole découverts sur le North Slope se trouvent à moins de 30 km de cet arc. LAdministration Bush a décidé de réviser les conclusions de létude de limpact, affirmant que le gouvernement disposait de nouvelles informations indiquant que les répercussions sur la faune seraient moins importantes que prévu. En janvier dernier, le secrétaire à lIntérieur Gale Norton a ouvert la zone entière aux forages, à lexception du lac lui-même. « En 1998, nous étions parvenus à un accord qui satisfaisait presque toutes les parties rappelle Geoff Carroll, un biologiste qui étudie , de puis longtemps la harde de caribous de Teshekpuk. Puis, tout a été chamboulé. Plusieurs études ont, depuis, réaffirmé limportance de la zone pour la faune. La seule information nouvelle est que la zone renfermerait davantage de pétrole que les prévisions ne lindiquaient.Un des grands problèmes des habitants du North Slope tient au caractère irréversible des décisions prises. Les infrastructures pétrolières pourraient être comparées à ces cicatrices que se font les enfants par maladresse : elles peuvent sestomper, jamais disparaître. Les deux puits jadis exploités sur la crête qui surplombe le site dextraction dUmiat à 150 km en amont de Nuiqsut, en son un bon exemple. Cest là dans les années 1940 et au début des années 1950, que lUS Navy effectua ses premiers sondages en vue de créer une réserve destinée à approvisionner larmée en cas durgence. Perdu au milieu de la toundra, laérodrome surdimensionné dUmiat servit plus tard descale aux avions assurant la liaison Fairbanks-Barrows et de base pour les équipes sismiques qui sillonnèrent la NPRA lors des prospections des années 1970 et 1980. Umiat détient maintenant deux tristes records : cest lun des endroits les plus froids des Etat-Unis (la température moyenne y est de -11,8° C) et le coup de la dépollution a été colossal. Un réservoir de carburant rouillé est un arbre de noël de vannes marquent lemplacement du puits n° 9 dUmiat près du sommet de la crête doù, par beau temps, le regard se perd à linfini. Larmée a autrefois abandonné ici des milliers de barils de pétrole, de diesel et de produits toxiques.
Un matin de septembre, sous une pluie battante, six faucons pèlerins longent silencieusement la falaise à la recherche dun oison ou dun rongeur pour pouvoir nourrir leurs petits. Ces falaises qui surplombent le fleuve constituent lune des plus importantes zones de nidification de lArctique. Dune beauté rude et sauvage, ces gigantesques étendues nont probablement pas beaucoup changé depuis le temps ou des mammouths laineux y rodaient. Pourtant, selon certaines estimations, le sous-sol recèlerait 100 millions de barils bruts « léger et doux » et environ 1,7 milliard de mètre cubes de gaz naturel, assez pour satisfaire les besoins des Etats-Unis pendant trois ans. En prévision de la concession prochaine dune nouvelle zone de la NPRA, de nombreux géologues et dautres experts sactivent dans le camp dUmiat pour préparer les études sismiques qui devront être réalisées en hiver. De leur coté, les services fédéraux semploient encore à nettoyer les sols contaminés dUmiat, près de soixante après les forages de lUS Navy.La baie de PrudhoeDans le vent glacial qui vient de la mer de Beaufort et qui pousse la neige horizontalement, Scott Digert, un ingénieur de la compagnie BP, montre au loin une étrange sculpture en acier qui domine la toundra défigurée de la baie de Prudhoe. « Cst le puit de la plus grande découverte », crie-t-il pour dominer le hurlement du vent, à ladresse dun petit groupe de journalistes. Douze forages avaient été réalisés çà titre exploratoire dans les années 1960. Les onze premiers navaient rien donné, mais avec le dernier, la compagnie était tombée sur la plus grande réserve de pétrole connue du continent. En 1968, le site de forage de Prudhoe était encore plus perdu que celui dUlmiat. Il nexcédait pas alors 26ha, contre 26 000 km2 aujourdhui, avec dix-neuf champs en activité et 3 000 km doléoducs, ce qui en fait lun des plus grands complexes industriels du globe. Le gisement avait au départ été estimé à 9,6 milliards de barils, mais ARCOI qui a fusionné avec BP en 2000- en a déjà extrait 10 milliards de barils et espère en pomper plusieurs milliards supplémentaires, peut-être en prolongeant la vie du champ pendant un autre demi-siècle. Mais une chose est certaine ; lassèchement est en vue.
Le trans-Alaska Pipeline System, ou TAPS qui transportait plus de 2 millions de barils par jour en 1988, nen achemine plus que 900 000 et son débit diminue de 3% par an. Le gouverneur de lAlaska, Frank Murkowski, parie maintenant sur la réserve de gaz naturel du North Slope et ambitionne de construire un immense gazoduc. Chaque jour, Prudhoe produit environ 227 millions de mètre cubes de gaz, soit plus que le Canada nen brûle en une journée. Si ce projet voit le jour, il sagira du plus grand gazoduc privé du monde et il changera probablement à tout jamais la face de la région. Dans limmédiat, BP explique quelle sest retiré de la course à la prospection, préfèrent se concentrer sur des technologies innovantes pour pomper jusquà la dernière goutte les gisements de Prudhoe, notamment le pétrole lourd visqueux. Ce gisement, estimé à 23 milliards de barils est encore largement inexploité.
Difficile de ne pas être impressionné par ce quune hallucinante somme de travail, dargent et de savoir faire technologique a crée dans lun des environnements les plus inhospitaliers de la planète. Cependant, limpact écologique est tout aussi impressionnant : des centaines de fuites de pétrole, pour la plupart provoquées par la dégradation des oléoducs, une pollution de lair deux fois supérieures à celle de certaines villes américaines et, ce qui est peut être le plus choquant, labsence dobligation pour les compagnies de nettoyer les sites en fin dexploitation. Un rapport de 2003 établis par un organisme impartial, le National Research Council, a conclu quen raison du coût exorbitant des opérations de dépollution et du laxisme de ladministration fédérale et de létat de lAlaska, la plus grande partie de la toundra ne sera jamais remise en état. Ce constat rend encore plus brûlant le débat actuel sur louverture aux forages de nouvelles zones de Refuge arctique. « A ce stade, la décision douvrir lANWR a quitté le domaine de lécologie pour entrer dans celui de la politique, et elle doit être prise par le peuple américain, estime Daren Beaudo, le porte parole de BP ? Nous nessaierons pas dinfluer sur le processus. » « Nous nessaierons plus », devrait il dire. En effet, après avoir dépensé des millions de dollars pour faire pression sur le Congrès en vue douvrir lANWR à la prospection, BP et dautres grosses compagnies pétrolières se sont retirées du lobby le plus acharné, surnommé « Pouvoir arctique ». Peut être, ont-elles pensé quil était temps de se faire discrètes. Ou peut être est-ce simplement qu les puits de lANWR se sont montrés décevants, alors que ceux de la NPRA, avec moins de chausse-trapes politiques ont été beaucoup plus rentables.KaktovikLArctic National Wildlife Refuge est peut être le seul endroit du North Slope où lopinion américaine ne sest pas comportée en grand propriétaire absentéiste. Et cest ce qui hérisse les quelques 300 habitants du village de Kaktovik, situé sur la cote nord du refuge. Car, bien avant dêtre considérée comme la « dernière terre vierge » par les écologistes, dans les années 1950, cette région était tout simplement leur territoire, ou ils pêchaient, chassaient et campaient. Pour eux, terre vierge signifie « terre débarrassée de ses habitants ».
Le village qui possède environ 400km2 de terres potentiellement riches en pétrole, sest pourtant longtemps montré favorable aux forages, ce qui lui a valu linimité de ses voisins, les Gwichins, tributaire de la harde de caribous qui, après avoir mis bas le long de la plaine côtière, y passe lété. Les Inupiats savent bien à qui ils doivent largent, les emplois, lécole, le générateur et, depuis peu, les toilettes équipées de chasse deau dont bénéficie Kaktovik. « Nous voulons la même chose que tout le monde : une vie meilleure pour nos enfants et nos petits-enfants, confie Lon Sonsalla, le maire du village. Mais nous aimerions pouvoir maîtriser nos destinées. Officiellement le village reste favorable à une exploitation pétrolière responsable, à condition de garder le contrôle de la situation.Les compagnies nont quà bien se tenir ! »
Dans la réalité, le village semble très divisé. Robert Thompson, lun des habitants qui, de plus en plus nombreux, sopposent farouchement à lexploitation pétrolière du Refuge, est guide de rafting, sur les rivières dévalant de la chaîne de Brooks. Récemment, il a fait circuler une pétition contre les forages et recueilli cinquante huit signatures. « Ce nest pas rien, quand on sait que seulement quatre vingt dix huit personnes ont voté aux dernières élections, commente-il. Le gouverneur de lAlaska prétend que cest pour notre bien, pour ne pas vivre comme dans le tiers monde. Mais vingt huit ans après larrivée du pétrole, nous venons à peint dêtre équipés de cabinets de toilette dignes de ce nom ! Et la plupart des dirigeants du North Slope qui plaident en faveur d lexploitation pétrolière passent davantage de temps à Hawaii que dans le Refuge ! »
De manière surprenante, tous les débats sur le fait de savoir combien de pétrole se trouve réellement sous le Refuge et si déventuelle découverte de gisement justifie la mise en péril dune région sauvage sensible sont fondés sur des données peu fiables. Depuis 1986, pas moins de huit estimations ont été réalisées par divers services fédéraux ou de lEtat de lAlaska, avec des résultats pour le moins discordants. Selon la dernière de ces études, qui date de 1998, le Refuge pourrait receler 4,3 milliards de barils, avec une probabilité de 95%, ou 11,8 milliards avec une probabilité de 5%, lévaluation moyenne se situant autour de 7,7 milliards. Le pétrole serait concentré dans trente-cinq gisements relativement modestes, déssiminés pour la plupart dans le secteur ouest, alors que les études précédentes les situaient dans le secteur est.
La meilleure façon de connaître avec certitude limportance dun gisement est de forer, et cest précisément ce quun consortium conduit par Chevron a fait, pendant les hivers 1985 et 1986 sur une bande de terre appartenant à la coopérative inupiat de Kaktovik, à lintérieur du Refuge. La compagnie a foré, dans lun des gisements les plus prometteurs, à plus de 4 500 m de profondeur, un vaste « piège » géologique qui, sil avait été rempli de pétrole, aurait rivalisé avec ceux dArabie saoudite. Ces puits appelés KIC-1, étaient un site ultra secret et aucune information na filtré sur sa production. Selon des sources anonymes mais bien informées, le KIC-1 se serait finalement révélé décevant. La plus grosse déception, selon les mêmes sources, a été la découverte, juste au dessous du permafrost, dune couche que lon pensait remplie de pétrole et qui nétait que de lhydrate, une sorte de méthane gelé, très rependu dans lArctique. Lhydrate a un temps été présenté comme lun des carburants du futur, mais la technologie pour lextraire du sol nexiste pas encore. Et aujourdhui, le KIC-1, le puit le plus célèbre de lAlaska, nest quun des nombreux trous qui défigurent la toundra. Bien sur, les compagnies pétrolières navaient aucun intérêt à ce que la nouvelle se repende à un moment où les congrès débattaient du sort du Refuge. Interrogé sur ce point, un porte parole de Chevron sétait contenté de répondre : « Nous ne faisons aucune déclaration sur ce que nous trouvons. Cest un secteur dactivité hautement compétitif et les informations sur ces puits sont confidentielles. »
Les partisans des forages , tels le sénateur de lAlaska Ted Stevens et le gouverneur Frank Murkowski, dépeignent depuis longtemps la plaine côtière comme une étendue glacée et désolée, seulement bonne à réduire, ne serait-ce que modestement, la dépendance des Etats-Unis vis-à-vis du pétrole étranger. Cest un point de vue que ne peut partager le biologiste Georges Scheller, qui a contribué à lune des premières études sur la faune du Refuge. « En tant que citoyen, notre obligation premières est de laisser aux générations futures ce que celles du passé ont vénéré, affirme t-il. Forer dans lANWR, qui nous montre la planète telle quelle était il y a 10 000 ans, nest rien dautre que du vandalisme écologique. Dans quelle société vivons-nous pour vouloir en priver les générations futures en échange de quelques gallons de pétrole ? » Certains observateurs font valoir que les compagnies pétrolières sont moins intéressées par le forage de lANWR que par linstallation dans le secteur doléoducs et des autres infrastructures qui lui permettront dexploiter les gigantesques gisements censés dormir sous la mer de Beaufort. Jusquici, les coûts prohibitifs et les risques dune telle exploitation au milieu des glaces de lArctique ont dissuadé les compagnies de séloigner des cotes. Mais, avec la hausse des prix du pétrole et la fonte de la calotte glaciaire, louverture de ces champs pourrait bientôt être rentable.
Les forages offshores dont depuis longtemps la hantise des Inupiats. Même les responsables des compagnies pétrolières admettent quils ne connaissent pas de moyen permettant de lutter contre une marée noire dans le chaos des glaces du printemps ou de lautomne. Or, ce sont les saisons des migrations dune dizaine de milliers de baleines boréales, que les Inupiats chassent avant de se livrer au partage de la viande, une cérémonie essentielle de leur culture .sans compter, que, dans une région ou les mailons principaux de la chaîne alimentaire le phytoplancton et les algues marines dépendent de la lumière du soleil filtrant à travers la glace, une marée noire pourrait dévaster lécosystème de lArctique pour des décennies.
Ancien biologiste du Département de la chasse et de la pêche de lAlaska et pilote du Grand Nord, Pat Valkenburg fait virer son super petit club pour survoler à basse altitude une zone accidentée de la toundra ; « Le voila !, me dit il en désignant un tuyau dacier pointant du sol. Cest le seul puits jamais foré dan le Refuge arctique. Il ne paie vraiment pas de mine ! » Jen conviens dautant plus que nous venons de survoler lin des paysages les plus spectaculaires de la planète la mer de beaufort, qui ressemble à un gigantesque linceul blanc veiné de bleu cobalt ; la toundra brun clair de la plaine côtière, parsemées de caribous ; les collines ondulées qui se fondent progressivement dans limposante et étincelante chaîne de Brooks. Cet agaçant petit tuyau vient brutalement rappeler que les Etats-Unis doivent choisir entre laisse une petite zone de la partie la plus sauvage du pays dans létat ou elle se trouve depuis des millénaires ou retourner chaque mètre carré de la toundra pour satisfaire notre intarissable soif de pétrole.Reportage de Joel K Bourne , JR.
Pour National Géographic de Mai 2006
Les photos ont été glanées sur différents sites.Photo de Richard Michaud (la mer de Beaufort)
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