• Le 21 février, a eu lieu la Journée internationale de la langue maternelle

    Le 21 février, a eu lieu la Journée internationale de la langue maternelle :
    Tristes constatations
     
    Si une langue disparaît, chacun d'entre nous est dépossédé de son patrimoine, car c'est alors une nation et une culture qui perdent leur mémoire, il en est de même de la subtile tapisserie dont est tissé le monde et qui en fait un lieu passionnant», déclarait Vigdis Finnbogadottir, ambassadrice de bonne volonté pour les langues auprès de l'UNESCO et ancienne présidente de l'Islande, lors de la première Journée internationale de la langue maternelle
    C'était le 21 février 2000, à l'occasion de la célébration de cette journée proclamée par la Conférence générale de l'UNESCO en novembre 1999. La date du 21 février a été choisie en hommage à trois «martyrs de la langue» originaires du Bengale, abattus les 21 et 22 février 1952 au Pakistan nouvellement créé, parmi des manifestants qui demandaient que leur langue maternelle, le bengali, soit déclarée langue nationale à côté de l'ourdou. C'est le groupe canadien Mother Language Lovers of the World, de Richmond, district de Vancouver, qui avait contacté l'ONU en 1998 et l'UNESCO en 1999 en proposant cette idée.
    Le directeur général de l'UNESCO, Koïchiro Matsuura, avait alors souligné que «les États membres de l'UNESCO, en décidant de célébrer les langues maternelles, ont voulu rappeler qu'elles constituent non seulement un élément essentiel du patrimoine culturel de l'humanité mais aussi l'expression irréductible de la créativité humaine dans toute sa diversité».
    Dans son Atlas des langues du monde, Roland Breton note ceci: «L'inéluctable mondialisation en cours a de nombreux aspects culturels, dont l'un des plus importants est l'extension grandissante des contacts entre toutes les parties de l'humanité qui parlent des langues différentes. [...] Mais ce que de nombreux spécialistes ont dénoncé depuis quelques années, c'est que le XXIe siècle va être celui d'une disparition générale et croissante des langues vivantes, sans équivalent dans l'histoire de l'humanité [...].»
    L'UNESCO fait une constatation semblable. «Avec la montée en puissance des moyens de communication, notre époque semble avoir suscité des situations de conflits entre les langues. [...] Au moins 3000 langues parlées aujourd'hui sont actuellement en danger, sérieusement menacées ou mourantes, et beaucoup d'autres langues risquent de se retrouver rapidement menacées de disparition.» Et on ne connaît toujours pas le nombre exact de langues parlées dans le monde, autour de 7000 pense-t-on.
    Au Canada, la situation n'est pas brillante. D'après le ministère des Affaires indiennes et du Nord, les peuples autochtones ont subi de lourdes pertes. Depuis un siècle, une dizaine de langues autrefois florissantes ont disparu, comme le huron, le pétun, le neutre, le béothuk, le pentlatch, le comox, le tsetsaut, le nicola. Des quelque 50 langues, la moitié environ est en péril, comme l'abénaki, le delaware, le tagish, le han, le tahltan, le sarcee, le tuscarorat, le seneca et d'autres. Trois langues autochtones seulement sont parlées par une population assez importante pour être à l'abri d'une menace d'extinction: le cri, l'inuktitut et l'ojibway. Des langues viables mais peu répandues sont parlées par plus de 1000 personnes, dans des collectivités isolées ou bien organisées et qui sont sensibilisées à l'importance de leur langue, comme le micmac, l'algonquin, le pied-noir ou le déné. Les langues menacées sont encore parlées par assez de personnes pour leur survie si la collectivité manifeste un intérêt suffisant et que des programmes d'enseignement sont mis en oeuvre. Les langues en voie de disparition sont impossibles à sauver, seules quelques personnes âgées les parlent.
    Pour qui s'intéresse aux langues parlées, à titre professionnel ou personnel, l'Atlas des langues du monde est l'ouvrage de référence tout indiqué. En 80 pages, il aborde presque tous les aspects des langues: parenté, pratiques, territoires, avenir des langues. Chaque page est illustrée de graphiques ou de cartes en couleurs, permettant de visualiser les explications textuelles: langues maternelles ou secondes, francophonie, anglophonie, langues africaines, indiennes, iraniennes, arabes, asiatiques, etc.
    L'atlas de l'UNESCO met en évidence les processus aboutissant à la disparition des langues et fournit des renseignements sur les langues menacées. Des pages explicatives sont accompagnées de cartes détaillées du monde entier, indiquant les langues en péril. Il fournit aussi des exemples d'initiatives réussies visant à sauver certaines d'entre elles.
    En effet, quelques langues ressuscitent. La plus spectaculaire est l'hébreu, langue morte pendant près de 2500 ans mais qui servait toujours de langue liturgique et qu'une formidable volonté liée à la survie d'un peuple malgré une longue série de tentatives de génocide, depuis Amalek jusqu'à Hitler, a fait renaître.
    Une langue australienne, le warungu, n'était connue que d'un linguiste japonais qui l'avait étudiée. Des descendants du warungu lui ont demandé de leur réapprendre la langue pour retrouver leur identité. Grâce à lui, cette langue renaît et des gens l'apprennent. «La langue, ce n'est pas seulement un objet abstrait de connaissance, mais c'est une partie de la racine des gens. Ce cas est intéressant pour montrer que la linguistique, c'est quelque chose qui touche dans le vivant, dans l'être même des gens.» (Professeur Pascal Vernus.) La langue de la Cornouaille, censément disparue depuis 1777 et qu'on s'est récemment attaché à faire revivre, est maintenant parlée par plus de 1000 personnes.
    Ces cas sont rares. «Sait-on qu'en moyenne, il meurt environ 25 langues chaque année? [...] Dans 100 ans, si rien ne change, la moitié de ces langues seront mortes. À la fin du XXIe siècle, il devrait donc en rester 2500 environ, et sans doute beaucoup moins encore si l'on tient compte d'une accélération, fort possible, du rythme de disparition.» (Claude Hagège, Halte à la mort des langues, Odile Jacob, Paris, 2001.)
    http://www.ledevoir.com/2007/02/21/131904.html
     
     

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