• Les changements climatiques, une menace pour la forêt ?

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    Une fois infestées par le coléoptère, qui s'insinue entre le bois et l'écorce des arbres, des forêts entières tournent soudainement au rouge vif avant de devenir grises et morbides.
    Photo Ressources naturelles Canada

    Le mercredi 15 mars 2006
     
     
    LE DENDROCTONE DU PIN
    «La plus importante crise forestière» de l'ouest
    François Cardinal
    La Presse

    Si la forêt de la Colombie-Britannique est frappée de plein fouet par les changements climatiques, bon nombre de municipalités de l'Ouest s'attendent prochainement à des impacts économiques dévastateurs. Car, on tend à l'oublier, les conséquences du réchauffement ne sont pas que naturelles...
    En survolant les pinèdes de la côte ouest canadienne, les touristes peuvent s'exclamer devant la beauté d'un paysage où les verts tendres se fondent avec les rouges criards des feuilles prêtes à tomber.
    Mais si les gens de Colombie-Britannique se réjouissent habituellement de ces changements de couleur propres à l'automne, ils s'inquiètent aujourd'hui de cette situation qu'ils vivent 12 mois par année en raison du dendroctone du pin ponderosa...
     
    Il faut savoir qu'une fois infestées par le coléoptère, qui s'insinue entre le bois et l'écorce des arbres, des forêts entières tournent soudainement au rouge vif avant de devenir grises et morbides.
    «Il s'agit de la plus importante crise forestière que l'Ouest ait connue», lance sans ambages Bill Wilson, directeur de la recherche au Service canadien des forêts (SCF).
    Le dendroctone du pin, coléoptère cylindrique d'un tout petit centimètre de long, affecte des millions d'hectares de forêt, mais également l'économie de plusieurs régions de l'Ouest.
    Assez monolithique, l'économie de nombreuses collectivités de la Colombie-Britannique dépend en effet du secteur forestier. Il n'est pas rare, dans certains coins, que 40 % du revenu après impôt découle directement de cette industrie.
    Si les ravages sont une bonne nouvelle à court terme (étonnamment), ils annoncent de bien sombres jours à plus long terme.
    Heureusement, après avoir été tué par les insectes, le bois peut être récolté et utilisé, si tout se fait rapidement. Les collectivités touchées profiteront donc, au cours des prochaines années, de l'activité économique accrue venant de la hausse de l'approvisionnement de bois.
    C'est ainsi que, contrairement au Québec où on revoit à la baisse la quantité de bois qui peut être ramassé annuellement, les autorités de la Colombie-Britannique sont obligées d'aller en sens inverse. Elles doivent en effet permettre aux compagnies forestières d'accélérer la récolte afin que le bois ne pourrisse pas au sol.
    En 2004, le chef forestier de la province a été contraint d'élargir la possibilité annuelle de coupe dans les zones infestées à plus de 12,7 millions de mètres cubes. Il s'agit d'une hausse de 51 % par rapport aux récoltes prévues pour que la ressource dure.
    Résultat: chaque année, les compagnies forestières ramassent un volume d'arbres qui se rapproche de ce que la Norvège produit en une année ou de ce que les Chinois consomment sur la même période!
    Au total, on évalue que 250 millions de mètres cubes ont été tués par le dendroctone, soit 3,5 fois sa possibilité annuelle de coupe à rendement soutenu. Les estimations prévoient à terme la perte de 600 millions de mètres cubes de bois sur les 10,2 millions d'hectares de forêts infestés par le dendroctone.
     
    En revanche...
     
    À plus ou moins long terme, par contre, l'épidémie s'annonce comme une véritable catastrophe, tant pour l'industrie, qui devra se restructurer, que pour les collectivités qui en dépendent. On estime que dans 10 ou 15 ans, le bois disponible récoltable connaîtra un recul jamais vu auparavant.
    «On s'attend à une réduction de quelque 25 % de tout l'approvisionnement de bois», précise M. Hoberg.
    Depuis quelques années, les pouvoirs publics tentent donc de se préparer au pire. Un programme de 40 millions de dollars échelonné sur six ans a été mis sur pied par Ressources naturelles Canada. En mars 2005, l'Alberta et la Colombie-Britannique ont aussi signé un accord en vue de partager les tâches et les coûts de la lutte contre la propagation du dendroctone.


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