• LES PREMIÈRES NATIONS NE DEVRAIENT PAS GÉRER LEUR PROPRE POLICE

    LES PREMIÈRES NATIONS NE DEVRAIENT PAS GÉRER LEUR PROPRE POLICE
    La police autochtone n'inspire pas confiance
    Ariane Lacoursière
    La Presse

    Les conflits dans la réserve de Kahnawake et la crise d'Oka ont nui à la réputation des corps de police autochtones de la province. Si bien qu'aujourd'hui près de la moitié des Québécois considèrent que les Premières Nations ne devraient pas gérer leur propre police.
    Une étude publiée au début du mois par la Direction générale de la police des autochtones révèle que seulement 51 % des Québécois croient que les Premières Nations devraient administrer eux-mêmes la sécurité de leur territoire. Comparativement, les habitants des Prairies et des provinces de l'Atlantique sont favorables à 69 % à cette forme de gestion.
    Selon la porte-parole du ministère fédéral de la Sécurité publique, Mélissa Leclerc, cette perception négative des Québécois est liée aux nombreux conflits qui se sont récemment déroulés dans les territoires autochtones de la province. «Vous n'avez qu'à penser à la crise d'Oka ou au conflit de Kanesatake et aux problèmes de financement des peacekeepers qui ont fait les manchettes.
    «C'est sûr que les gens sont plus critiques maintenant», dit-elle. Pourtant, les Ontariens, qui ont subi une crise majeure dans la réserve de Caledonia l'an dernier, appuient à 60 % les services de police des Premières Nations.
    Le coordonnateur du programme d'études autochtones à l'Université d'Ottawa, Georges Sioui, n'est pas surpris de la réticence marquée des Québécois. Selon lui, ils ont toujours été plus irrités par la présence des autochtones sur leur territoire. «Mis à part quelques exceptions, les Québécois rejettent les Premières Nations depuis la colonisation. Ailleurs au pays, les habitants sont tout simplement indifférents aux autochtones», croit-il.
    M. Sioui croit également que le Canada anglais est plus ouvert aux compromis. «Dans l'ouest du pays et en Ontario, il y a des cercles de justice présidés par des sages autochtones, qui offrent une autre voie au système de justice traditionnel. Il n'y aucune reconnaissance du genre au Québec», expose-t-il.
    Curieusement, même s'ils rejettent la police autochtone, 67 % des Québécois sont au courant de son existence. Pour leur part, les citoyens des Maritimes ne sont que 55 % à savoir que certaines réserves gèrent leur corps de police.
    Selon le policer Marc Duchesneau, qui travaille dans la réserve huronne Wendake, près de Québec, c'est justement parce que les Québécois entendent beaucoup parler des polices autochtones qu'ils les critiquent tant. «C'est que, quand on entend parler de nous, c'est souvent pour des mauvaises choses. Par exemple, notre récent appui aux revendications territoriales des Hurons n'a pas soulevé la sympathie du public» affirme-t-il.
    Pourtant, estime M. Duchesneau, les services de police des autochtones mériteraient l'appui des citoyens. « Nous avons généralement d'excellentes relations avec la population et avec les autres corps policiers. Nous pouvons aussi intervenir plus facilement auprès des communautés parce que nous connaissons bien leurs valeurs et leurs coutumes «, croit-il.
    Les services de police des autochtones existent depuis 1991 au Canada. Environ 319 collectivités possèdent leurs propres agents de la paix. Près de 1000 agents, pour la plupart des autochtones, y desservent environ 240 000 habitants. Au Québec, les réserves de Kahnawake, de Long Point, de Wendake, de Lac-Simon et de Maliotenam, entre autres, ont leur propre corps policier.
    La réserve mohawk de Kanesatake, près d'Oka, a longtemps eu ses peacekeepers. Ils ont toutefois dû quitter le territoire en janvier 2004, lorsque l'ex-grand chef James Gabriel en a été chassé. L'entente tripartite qui liait les peacekeepers de Kanesatake aux gouvernements provinciaux et fédéraux est échue depuis novembre 2005 et n'a toujours pas été renouvelée.
     
    Perception des Canadiens envers la police autochtone
     
    > Pourcentage de la population qui sait que certaines collectivités des Premières Nations administrent leurs propres services de police
    Québec : 67%
    Alberta : 78%
    Région des Prairies : 66%
    Colombie-Britannique : 65%
    Ontario : 65%
    Région de l'Atlantique : 55%

    > Pourcentage de la population qui croit que les collectivités des Premières Nations devraient gérer leurs propres services de police
    Québec : 51%
    Alberta : 58%
    Région des Prairies : 69%
    Colombie-Britannique : 60%
    Ontario : 60%
    Région de l'Atlantique: 69%
    Sondage de la Direction générale de la police des Autochtones, réalisé entre le 1er et le 8 août 2006 auprès de 1036 Canadiens.
     
     
    qu'elle est votre avis ???
    tipied

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