• Les négociations avec le gouvernement qui se sont poursuivies, samedi, sont un pas dans la bonne direction, ont assuré les protestataires autochtones. Ils ont cependant refusé de démanteler leurs barricades en raison de l'importante présence policière dans le secteur.

    Depuis sept semaines, les protestataires occupent 40 hectares de terrains dans la communauté de 10 000 habitants de Caledonia, située au sud d'Hamilton.

    Les gouvernements provincial et fédéral ainsi que le conseil des Six Nations ont mandaté des représentants qui auront l'autorité nécessaire pour négocier un projet d'accord.

    Les discussions entamées vendredi se sont poursuivies pendant toute la nuit et le chef mohawk, Allen MacNaughton, a affirmé qu'elles avaient été fructueuses, bien que certains points importants demeurent litigieux.

    Un porte-parole des opposants, Clyde Powless, a confirmé que le fait que des discussions soient entamées constituaient un élément positif.

    "Je crois sincèrement que si le dialogue avait été ouvert auparavant, nous n'aurions pas eu besoin de construire des barricades."

    Il a par ailleurs dit que les négociations n'étaient pas assez avancées pour que les protestataires démantèlent leurs barricades.

    Anne-Marie Flanagan, la porte-parole du ministre des Affaires autochtones ontarien David Ramsay, n'a pas voulu confirmé la progression des pourparlers, mais elle a assuré que la signature d'un projet d'accord était un bon début.

    Le conflit s'est envenimé jeudi lorsque la police a tenté de mettre un terme à l'occupation des autochtones.

    Au moins 16 personnes ont été arrêtées après l'intervention de la police.

    La Police provinciale de l'Ontario a annoncé qu'elle ne pensait pas intervenir de nouveau.



    http://matin.qc.ca/canada.php?article=20060422211918

     

     

    PORT ELGIN, ON, le 22 avril /CNW/ - Le président du Syndicat des TCA, Buzz Hargrove, demande avec insistance au premier ministre Stephen Harper de mettre fin sans délai à la revendication territoriale de Caledonia en Ontario de façon responsable et pacifique.     M. Hargrove a critiqué violemment la décision de M. Harper qui visait à accroître de façon excessive la présence policière lors de la contestation en dépêchant un grand nombre d'agents de la GRC à Caledonia.     "Ces mesures auront servi uniquement à exaspérer la collectivité autochtone qui défendait ses droits en matière de revendication territoriale dans le cadre d'une manifestation pacifique", a soutenu M. Hargrove dans une lettre adressée à M. Harper en date du 21 avril.     "Le gouvernement actuel n'a-t-il rien retenu des nombreux différends antérieurs concernant les revendications territoriales des Autochtones ? Nous devons miser sur des négociations pacifiques et non pas sur le harcèlement et l'intimidation par les services policiers", a déclaré M. Hargrove.      M. Hargrove fait appel au gouvernement Harper afin :     -  d'assurer le retrait immédiat de tous les agents armés de la GRC dans        la région concernée;     -  de mettre fin à l'émission de permis donnant lieu à des possessions        illégales de terrains;     -  d'établir un échéancier de négociations pacifiques avec les        Autochtones des Six-Nations en ce qui concerne leur revendication        territoriale à Caledonia;     -  de traiter en priorité et à grande vitesse l'ensemble des        revendications territoriales non réglées au Canada. Il y a plus de        600 revendications territoriales non réglées au Canada.      "Par le passé, la collectivité autochtone a fait souvent l'objet de discrimination et aucun gouvernement préoccupé de justice sociale ne devrait permettre que ses citoyens soient encore soumis à ce comportement honteux", a déclaré M. Hargrove.     M. Hargrove demande également au premier ministre de l'Ontario, M. Dalton McGuinty, de retirer les policiers de la PPO et de mettre fin au différend sans délai.     Plus de 800 délégués au Conseil du Syndicat des TCA, provenant de l'ensemble du pays, qui se sont réunis à Port Elgin en Ontario, ont voté en faveur du retrait des forces policières par le gouvernement et de la recherche d'une solution pacifique au différend.  http://www.newswire.ca/en/releases/archive/April2006/22/c6691.html

     

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  • Le barrage autochtone de Marysville est levé

    Marysville, Ontario

    Photo: PC/Jonathan Hayward

    Photo: Jonathan Hayward, PC

    Le service ferroviaire entre Montréal et Toronto est rétabli. Les Mohawks qui avaient érigé une barricade sur la ligne de chemin de fer à la hauteur de Marysville, entre Kingston et Belleville, ont accepté vendredi soir de lever leur barrage.

    Une trentaine de Mohawks de la réserve de Tyendinaga avaient bloqué la voie ferrée la plus fréquentée du pays, à l'aide de vieux autobus scolaires, pour exprimer leur soutien aux Autochtones de Six Nations qui occupent toujours un chantier de construction à Caledonia, près de Hamilton.

    Dans le courant de la journée de vendredi, le Canadien national (CN) avait obtenu une injonction pour déloger les protestataires autochtones. Leur blocage a affecté 24 départs prévus à l'horaire et plus de 3500 passagers, qui ont été transportés à destination par autobus. Via Rail avait également arrêté de prendre des réservations pour la fin de semaine.

    Les Mohawks se sont déclarés satisfaits des négociations qui sont actuellement en cours entre les représentants autochtones et les gouvernements fédéral et provincial.

    Un peu plus tôt, Queen's Park avait exprimé son désir de parvenir à un règlement négocié. « On a rien à perdre quand on continue de parler. On a beaucoup à perdre si on cesse de parler », a affirmé le premier ministre Dalton McGuinty.

    L'occupation se poursuit à Caledonia

    Blocus autochtone à Caladonia, en Ontario

    Pendant ce temps, plusieurs centaines de membres de la communauté autochtone de Six Nations continuent à occuper le terrain d'un complexe immobilier en construction à Caledonia, au sud d'Hamilton. Ils réclament les droits de propriété de ce terrain de 40 hectares en vertu d'un traité datant de 1784.

    Les Autochtones craignent cependant une nouvelle intervention policière. Une importante opération policière menée à l'aube, jeudi, n'a pas réussi à mettre un terme à leur occupation qui dure depuis la fin février.

    Au moins 16 personnes ont été arrêtées au cours de cette opération. Vendredi, elles ont été accusées d'assauts et de méfaits. La plupart d'entre elles ont été remises en liberté sous caution, mais elles doivent se plier à certaines conditions, dont celles de rester à au moins 30 mètres du chantier de construction et de respecter un couvre-feu.

    Le promoteur du projet immobilier, Douglas Creek Estate, affirme avoir acheté légalement le terrain, il y a 15 ans.

    http://radio-canada.ca/nouvelles/National/2006/04/21/002-crise-autochtone-ontario.shtml


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    Les Mohawks du Québec pourraient poser d'autres gestes pour montrer leur solidarité avec les Mohawks de Caledonia


    INFO690) - En Ontario, politiciens et représentants autochtones doivent se rencontrer aujourd'hui pour tenter de résoudre le conflit qui dure depuis plus de 50 jours à Caledonia, près de Hamilton.
    Des autochtones bloquent toujours l'accès à un projet de développement immobilier sur des terres qu'ils revendiquent en vertu d'un traité datant du 18e siècle. Ils bloquent aussi aujourd'hui des trains de Via Rail et du Canadien National.
    Les Mohawks de Kahnawake ont démontré leur appui hier sur le pont Mercier à la suite d'une opération policière ratée des policiers provinciaux de l'Ontario pour déloger les manifestants.
    Éric Cardinal, du Conseil mohawk de Kahnawake, affirme qu'il est possible que les autochtones d'ici posent d'autres gestes si les réactions gouvernementales ne démontrent pas de respect.
    M. Cardinal se dit convaincu que personne ne souhaite un affrontement aussi dramatique que celui d'Oka.

    Any Guillemette / Info690
     
     
     

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  •  c est quand qu ils vont enfin respecter la nature et les traiter?

    toujour l argent qui compte ! ca suffit!

    Occupation amérindienne
    Confusion à Caledonia

    Les occupants
    La situation demeure confuse et tendue à Caledonia, où des manifestants autochtones bloquent les travaux d'un développement domiciliaire depuis sept semaines.

    Les occupants, des Amérindiens de la réserve des Six Nations, craignent une intervention policière. Ils affirment que les pourparlers sont rompus depuis lundi, ce que nient les représentants des gouvernements ontarien et fédéral, qui participent aux pourparlers.

    Le mois dernier, les promoteurs immobiliers ont obtenu une injonction pour forcer la fin de l'occupation. Les policiers ont même le pouvoir d'intervenir avec force depuis le 22 mars.

    Les manifestants estiment que les terres qu'ils occupent leur appartiennent en vertu d'un traité de 1784.

    Les promoteurs immobiliers affirment qu'ils ont tous les documents pour prouver qu'ils sont propriétaires des lieux.

    La construction des 72 maisons est interrompue jusqu'à nouvel ordre.



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  • Cri du lac Lubicon – Alberta (Canada)
    L A   N A T I O N   L U B I C O N   S ' A D R E S S E   A U X   N A T I O N S   U N I E 
     
     
    Depuis plus de vingt ans, les Lubicon luttent pour la préservation de leur territoire, mis à mal par la déforestation et les forages pétroliers, et se battent pour la reconnaissance de leur droit à l’autonomie gouvernementale et pour l’obtention d’une indemnisation décente, qui leur permettrait de faire face à cette destruction de leur territoire traditionnel. En octobre 2005, ils se sont adressés à la Commission des Droits de l’Homme des Nations Unies siégeant à Genève.

       Les Lubicon constituent une nation autochtone d’environ cinq cents personnes, vivant au nord de la province de l’Alberta, au Canada. Les autorités canadiennes n’ont jamais reconnu leur territoire traditionnel de 7 000 km2, situé près de la ville de Peace River, et qui n’a jamais été cédé au Canada. Ils conservent par conséquent la possession pleine et entière de leurs droits autochtones, n’ayant jamais, en aucune façon, abandonné leurs droits territoriaux. Ils ont été "oubliés" lorsque le Traité Numéro 8 a été négocié en 1899 avec d’autres communautés autochtones de la région. Depuis vingt-cinq ans, l’exploitation massive de leurs forêts et l’extraction à grande échelle du pétrole et du gaz ont dévasté leur territoire, détruit leur économie traditionnelle, fondée sur la chasse et la trappe, et mis en péril l’existence même de leur nation en tant que société autochtone distincte.
       En 1984, dans l’impossibilité d’obtenir réparation de la part de l’État canadien, les Lubicon se sont adressés à la Commission des Droits de l’Homme des Nations Unies pour qu’elle les assiste dans la défense de leurs droits, selon les termes de la Convention internationale sur les Droits civiques et politiques. Le Canada a prétendu que, puisqu'ils n'avaient pas épuisé toutes les possibilités de recours au sein du Canada, leur demande ne pouvait être prise en considération par la Commission.

    Plus de recours possible
       En 1987, la Commission a reconnu qu’« il n’y avait plus de recours possible [au Canada] pour les Lubicon » et que « l’épuisement des recours nationaux n’est exigé que dans la mesure où ces recours sont effectifs et accessibles. » Elle pressait le Canada de « prendre toutes les mesures de protection nécessaires pour éviter de porter d’irréparables dommages à la nation du lac Lubicon. » Puis, en mars 1990, elle a conclu que « les injustices historiques […] ainsi que l’exploitation [des ressources naturelles] plus récente menacent le mode de vie et la culture de la nation lubicon. » Elle ajoutait que ces menaces constituaient une violation des droits de l’homme, selon l’article 27 de la Convention internationale sur les Droits civiques et politiques.
       Le gouvernement canadien a alors assuré la Commission qu’il cherchait à négocier un accord qui protégerait les droits des Lubicon. Tom Siddon, alors ministre des affaires indiennes, déclarait : « Les conclusions de la Commission confirment ce que le gouvernement canadien sait déjà : nous avons envers les Lubicon une obligation que nous devons endosser. » Il ajoutait : « Le gouvernement est heureux de constater que la Commission reconnaît nos efforts de négociation, y compris l’offre que nous avons faite à la tribu, comme moyen approprié de remplir cette obligation. » Il s’agissait de ce qui a été appelé l’offre "à prendre ou à laisser" de 1989, qui proposait aux Lubicon de signer une "adhésion" au Traité Numéro 8 par laquelle ils renonçaient, purement et simplement, à leurs droits ancestraux sur leur territoire traditionnel, en échange de vagues promesses de compensation. Autant dire qu'ils ne pouvaient accepter cette offre.
       Les négociations qui ont suivi n’ont abouti à aucun accord assurant leur avenir. Certains points, qu'ils considèrent comme importants, ont bien été discutés, mais la mise en œuvre de ces accords est soumise au règlement de la question des droits territoriaux de la tribu.
       Les négociations, qui ont débuté en 1992, portaient sur l’indemnisation que les Lubicon exigeaient afin de compenser, au moins en partie, les pertes qu’ils avaient subies. Le gouvernement, qui jugeait leurs demandes trop élevées, avait confié le travail d’estimation à un contrôleur indépendant. Il est apparu que ses conclusions avaient été faussées car ses bases de références avaient été secrètement modifiées. Une fois celles-ci rétablies, le contrôleur a conclu que l’indemnité demandée par les Lubicon n’était pas trop élevée, mais au contraire trop faible. Le gouvernement a refusé de prendre ce rapport en considération, se contentant de proposer une nouvelle version de l’offre de 1989, présentée comme "beaucoup plus avantageuse". L’un des fonctionnaires du gouvernement a déclaré qu’il était juste de prendre, comme base de règlement financier, les services et les programmes sociaux que le gouvernement canadien affecte normalement aux Indiens. Il lui a été alors demandé de citer une seule communauté autochtone que les seuls services gouvernementaux aient rendue autonome, ce qu’il a été incapable de faire.

    Un "droit inhérent" à l’autonomie gouvernementale
       Les négociations ont repris en 1995 ; or l’offre du gouvernement était la même que la précédente et stipulait, en outre, qu’une fois que les Lubicon auraient cédé leurs droits territoriaux, les points demeurés en suspens pourraient être négociés "de bonne foi".
       Les dernières négociations sur ces droits ont débuté en 1998. Le gouvernement a feint alors d’ignorer que les Lubicon voulaient voir inclus dans l’accord le droit à un gouvernement autonome. Ils l'avaient pourtant posé comme un de ses éléments essentiels depuis 1985 et avaient renouvelé cette demande en la déposant par écrit, en 1998, entre les mains du négociateur en chef du gouvernement fédéral.
    En juillet 2003, celui-ci a refusé une fois de plus d’inclure cette question de l’autonomie gouvernementale dans le règlement des droits territoriaux ; il prétendait qu'elle exigerait des négociations trop compliquées et trop longues. Les Lubicon l'ont alors posée par écrit dans les termes utilisés lors d'accords conclus sur cette question avec d’autres peuples autochtones du Canada.
       La Constitution canadienne reconnaît aux nations autochtones le "droit inhérent" à l’autonomie gouvernementale. Quand on leur demande pourquoi ils refusent de signer avec les Lubicon un accord sur ce point, semblable à ceux déjà signés avec d’autres peuples autochtones, les négociateurs déclarent : « Ces accords ne sont que des lettres d’intention […] des accords de principe qui n’engagent pas le gouvernement. » Or les Lubicon, eux, veulent un accord qui engage pleinement le gouvernement canadien.
       Au lieu d’inclure, dans les articles de l’accord qu’ils négocient, le droit des Indiens à l’autonomie gouvernementale, les négociateurs proposent d’inscrire dans le préambule de cet accord une simple déclaration, de portée générale, reconnaissant ce droit aux Lubicon. Ils les assurent que de telles déclarations engagent tout autant le gouvernement canadien que les dispositions énoncées dans les articles de l’accord. Pourtant, c’est bien le contraire !

    Des instructions secrètes
       En effet, la duplicité du gouvernement canadien a été mise en évidence en décembre 2003, quand les Lubicon ont obtenu la copie d’un document, daté de mars 1996, contenant des instructions secrètes du Ministère de la Justice aux fonctionnaires engagés dans des négociations sur le droit des nations autochtones à l’autonomie gouvernementale. On leur demandait d'éviter d’inclure des clauses touchant au gouvernement autonome dans les articles mêmes des accords conclus, car de telles clauses engageraient pleinement le gouvernement, alors qu’une simple déclaration de principe dans le préambule ne l’engageait à rien. D’autre part, on leur recommandait de ne pas faire référence aux premières nations en tant que "peuples" distincts (au pluriel), car ces derniers pourraient se voir reconnaître en justice le droit constitutionnel de se gouverner eux-mêmes.
       Fin décembre 2003, constatant probablement que les Lubicon savaient à quoi s’en tenir sur les véritables intentions du Canada à leur égard, les représentants du gouvernement leur ont déclaré qu' « ils n’avaient aucun mandat pour négocier les questions d’autonomie gouvernementale et de compensation financière », deux questions qui pourraient, assuraient-ils, être discutées « après que l’accord sur les droits territoriaux soit conclu. »
       En mars 2004, le chef des Lubicon, Bernard Ominayak, a demandé au ministre des affaires indiennes de nommer des négociateurs munis d’un véritable mandat, afin de reprendre les discussions sur toutes les questions concernant le sort de son peuple. Sept mois plus tard, le ministre lui a répondu qu’il allait examiner sa demande et a rejeté toute accusation de mauvaise foi. Puis, en juin 2005, il a proposé aux Lubicon soit de reprendre les discussions sur les bases précédentes (c’est-à-dire sans rien changer), soit d’attendre le résultat de négociations (pas même entamées !) entre le gouvernement canadien et l’Assemblée des Premières Nations sur "les questions de politique générale" ; or, d’une part le ministre des affaires indiennes estime que ces négociations devraient durer au moins un an, d’autre part certains observateurs informés émettent des doutes sur leur réussite. Le ministre a écrit par ailleurs au chef Ominayak que « ces négociations pourraient aboutir à des recommandations visant à la modification de la politique du gouvernement [à l’égard des autochtones], recommandations qui pourraient répondre aux préoccupations qu'[il] a[vait] exprimées au sujet de l’autonomie gouvernementale [de son peuple]. »
       La nation lubicon ne peut se contenter de promesses aussi vagues alors que, au cours de ces quinze dernières années, sa situation n’a fait qu’empirer et que les promesses faites par le Canada à la Commission des Nations Unies sont demeurées lettre morte.
       L’exploitation des terres des Lubicon s’est poursuivie. En 2002, il y avait plus de 1 700 forages pétroliers et gaziers et des kilomètres de pipelines sur leur territoire. Tout récemment, des compagnies pétrolières ont proposé d’exploiter massivement le pétrole selon un procédé utilisant la vapeur, très dévastateur pour l’environnement, près des lacs dans lesquels ils pêchent. La Province de l’Alberta n’a pas hésité à louer 90 km2 des terres des Lubicon à ces compagnies pétrolières, sans les consulter.

    Une culture totalement dévastée
       Le mode de vie des Lubicon, fondé sur la trappe et la chasse, a été entièrement dévasté. L’élan constitue leur nourriture principale. Or le nombre d’élans qu'ils ont abattus au cours d’une année est passé de 200, à la fin des années 1970, à une dizaine aujourd’hui ! Les revenus tirés de la trappe sont passés de plus de 35 000 dollars par an et par trappeur à moins de 400 dollars, tandis que 95 % d'entre eux, autrefois autonomes, ont aujourd’hui recours à l’aide sociale gouvernementale pour nourrir leur famille. Une épidémie de tuberculose a même affecté un tiers de la population en 1987 et le nombre d’avortements spontanés est aujourd’hui très élevé.
       Le gouvernement canadien refuse pourtant de reconnaître le bien-fondé de leurs plaintes. Leur situation tragique a pourtant été constatée par de nombreux observateurs indépendants. C’est le cas d’un ancien ministre de la justice, chargé par le ministre des affaires indiennes d’écrire un rapport sur la situation des Lubicon, et qui a été renvoyé par le gouvernement après avoir rendu ce rapport. Il y constatait les dommages qui leur étaient infligés. Après des mois d’enquête, le Conseil mondial des Églises a écrit au premier ministre canadien que les actions de la Province de l’Alberta, qui autorise des douzaines de compagnies pétrolières à exploiter le territoire lubicon, avaient un effet génocidaire sur ses habitants ; enfin, le directeur du département d’ethnologie du Musée de l’Indien d’Amérique, qui fait aujourd’hui partie de la très célèbre et très respectable Smithsonian Institution, accuse le gouvernement canadien d’acte génocidaire.
       Il y a quinze ans, la Commission des Nations Unies déclarait que le Canada enfreignait la loi internationale. Pourtant, aucune solution acceptable visant à la préservation des droits territoriaux, et à celle de la société et de la culture du peuple lubicon, n’a été trouvée. Aussi, quand le Premier ministre Paul Martin a critiqué l’inaction des Nations Unies, les Lubicon étaient bien d’accord avec lui.

    En contravention avec la loi internationale
       Le peuple lubicon demande à la Commission des Nations Unies de confirmer sa déclaration de 1990, qui affirme que le Canada enfreint la Convention internationale sur les Droits civiques et politiques et le presse de nommer des négociateurs, munis d’un véritable mandat, pour négocier "de bonne foi" avec les Lubicon un accord sur les points essentiels qui les concernent.
       S'ils n’obtiennent pas cela des Nations Unies, les critiques sur l’inefficacité de cette institution se trouveraient confirmées et les membres de la Commission des Droits de l’Homme porteraient une part de responsabilité dans la destruction de la société lubicon.
       À l’issue de sa réunion d’octobre 2005, la Commission des Droits de l’Homme a répondu ainsi aux critiques des Lubicon : « La Commission note avec intérêt les efforts du Canada pour promouvoir une politique alternative concernant les droits territoriaux autochtones, mais elle craint que ces alternatives n’aboutissent de fait à l’extinction des droits des autochtones (articles 1 et 27). […] La Commission s’inquiète du fait que les négociations territoriales entre le gouvernement canadien et la nation lubicon aient abouti à une impasse. Elle est aussi préoccupée par les informations selon lesquelles les terres de la tribu sont toujours mises à mal par l’exploitation forestière et l’extraction massive du pétrole et du gaz, et regrette que le Canada n’ait pas donné d’informations à ce sujet (art. 1 et 27). […] Le Canada doit s’efforcer de conclure les négociations qu’il a entreprises avec la nation lubicon en recherchant une solution qui respecte les droits de la tribu selon les termes de la Convention [internationale sur les Droits civiques et politiques], comme la Commission [l’a déjà souligné en 1990]. [Le Canada] ne doit pas accorder de licences d’exploitation [aux compagnies forestières et pétrolières] sans avoir au préalable consulté la tribu et s’être assuré qu’une telle exploitation ne met pas en péril les droits reconnus par la Convention [internationale sur les Droits civiques et politiques]. »
       Il reste maintenant à faire appliquer les recommandations de la Commission… Dans ce but, le CSIA s'est joint à d'autres associations de soutien aux peuples autochtones, lors de l'intervention des Cri du Lubicon à l'ONU en octobre 2005, et s'associe à la campagne que ces derniers ont lancée en Europe. Vous trouverez encartées ici deux lettres de soutien à envoyer, l’une au premier ministre canadien, l’autre à la Commission des Droits de l’Homme siégeant à Genève.

    Traduction et synthèse : Monique Hameau
    Avec la participation de Marine Le Puloch

    Sources : Lubicon Lake Indian Nation, “Statement prepared for delivery to the 85th Session of the United Nations Human Rights Committee by the Lubicon Lake Indian Nation but not delivered due to concern for time limitations”, octobre 2005.

    Friends of the Lubicon : http://www.tao.ca/~fol
    Toujours disponible : revue Nitassinan n° 45 (4 € frais de port compris)


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