• Pour les 400 habitants du village algonquin de Kitcisakik, en Abitibi, la journée d'hier peut se résumer en un mot: enfin!

    Le gouvernement du Québec a annoncé, hier, un investissement de 1,4 million de dollars sur trois ans afin que cette communauté de 400 habitants, établie à cinq heures de route de Montréal, accède à un minimum de salubrité.

    L'essentiel de cette somme sera consacré à reconstruire les maisons du village. Actuellement, les habitants de Kitcisakik vivent dans des constructions de bois aggloméré privées d'eau et d'électricité, mal isolées et à peine aménagées. Leurs murs dégagent des émanations toxiques. Leurs résidants doivent charrier de gros bidons d'eau et utiliser le bloc sanitaire communautaire pour se laver.

     

     

    L'organisation humanitaire Architectes de l'urgence a entrepris de retaper ces abris de fortune l'été dernier, et a d'ailleurs inauguré ses deux premières maisons rénovées hier. Leurs propriétaires «n'en reviennent pas à quel point c'est beau, on n'a jamais eu de maisons comme ça ici!» s'est réjoui le chef du village, Edmond Brazeau.

    Architectes de l'urgence, une ONG qui intervient habituellement dans des zones de crise, sera dorénavant associée à un programme de la Société de l'habitation du Québec, conçu spécialement pour Kitcisakik et doté d'un budget d'un million de dollars.

    Les nouvelles maisons seront pourvues de murs isolés, de planchers recouverts d'un revêtement de bois, de lavabos branchés sur des réservoirs d'eau, d'armoires de cuisine et de chambres séparées.

    À moyen terme, elles pourraient aussi être pourvues de toilettes sèches, et peut-être même de douches, explique Bernard McNamara, qui dirige le chapitre canadien de cette ONG internationale.

    Le grand intérêt de ce projet, c'est qu'il a été conçu en collaboration avec la communauté elle-même, qui participera à la réalisation des travaux. Déjà, une douzaine d'Algonquins ont reçu la formation nécessaire pour couper le bois à l'aide d'un moulin à scie démontable. Ils travailleront sur le chantier de Kitcisakik, en collaboration avec l'ONG d'architectes.

    Il y a quelques mois, la communauté s'était fait offrir des maisons mobiles pour remplacer ses cabanes bancales, mais ses leaders avaient rejeté cette offre, préférant continuer à reconstruire leurs habitations.

    Boule de neige

    Le ministre responsable des Affaires autochtones, Pierre Corbeil, a annoncé ce projet au cours d'une conférence de presse à Val-d'Or. Il espère que l'annonce fera boule de neige et que des entrepreneurs privés contribueront, avec des dons de matériaux, par exemple.

    Autre amélioration pour les habitants du village: Québec remplacera la génératrice qui alimente quelques bâtiments publics, et qui était «vétuste et peu fiable», selon le ministre Corbeil. Enfin, le Secrétariat aux affaires autochtones prévoit 195 000$ pour aider cette communauté autochtone à faire progresser son économie.

    De son côté, le gouvernement fédéral construira une nouvelle école primaire au village. L'école actuelle est minuscule et, dès la quatrième année, les élèves doivent quitter leurs parents pour déménager à Val-d'Or.

    Kitcisakik forme une communauté sans statut, qui a refusé de devenir une réserve. Ses habitants sont considérés comme des squatteurs qui occupent un territoire à cheval entre des terrains d'Hydro-Québec et des terres fédérales. La communauté rêve de déménager dans un autre village. Mais en attendant que ce projet se concrétise, elle vit dans des conditions insoutenables.

    «Il fallait répondre aux besoins les plus urgents, on ne pouvait pas rester les bras croisés et laisser les gens vivre dans ces conditions», a dit le ministre Corbeil, après l'annonce du projet.

    Pourquoi ne pas brancher Kitcisakik au réseau d'Hydro-Québec? Des discussions au sujet d'une «électrification plus permanente» sont en cours actuellement avec la société d'État, selon Pierre Corbeil. Le cas échéant, le projet coûterait cher: au moins 10 millions.

    Le chef Edmond Brazeau s'est dit très heureux de tous ces projets. La communauté envisage toujours de déménager le village. «Mais en attendant, il faut que nos maisons soient habitables.»

    http://www.cyberpresse.ca/actualites/quebec-canada/national/200912/15/01-931124-14-million-pour-enrayer-linsalubrite-a-kitcisakik.php


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