• Tyendinaga: des Mohawks occupent une carrière

    Tyendinaga: des Mohawks occupent une carrière

    Eric Smith, Lundi, Mars 26, 2007 - 09:23 (Analyses | Aboriginal Nations | Resistance)

    Plus de 150 Mohawks de la baie de Quinte, située sur le territoire mohawk de Tyendinaga près de Belleville, dans le sud-est de l'Ontario, bloquent depuis jeudi soir l'entrée d'une carrière de gravier pour s'opposer à la mise en route d'un projet de développement de 30 millions de dollars mené par un promoteur immobilier de Kingston sur des terres qui font actuellement l'objet de négociations entre le conseil de bande et le gouvernement fédéral.

    En 1995, les Mohawks de la baie de Quinte ont soumis au gouvernement canadien ce que ce dernier qualifie de "revendication particulière" sur un secteur d'environ 827 acres de terrain que la Couronne a illégalement cédés à des intérêts privés en 1837, sans le consentement des Mohawks. Après étude du dossier, en 2003 (i.e. huit ans plus tard!), le gouvernement canadien a finalement reconnu le bien-fondé de cette revendication et entrepris un processus de négociation, qui n'avance toutefois qu'à pas de tortue.

    Soudainement, en novembre dernier, les Mohawks apprenaient qu'un promoteur immobilier s'apprêtait à mettre en branle un projet de développement sur le territoire même revendiqué par les Mohawks, au mépris du processus de négociation. Suite à l'opposition de la communauté et du conseil de bande, le promoteur fut contraint de repousser les début des travaux, prévu pour le 15 novembre.

    Le promoteur s'est toutefois essayé de nouveau, à la mi-janvier. Encore une fois, la vigilance des membres de la communauté l'a forcé à battre en retraite: une vingtaine de militantes et militants de la nation mohawk ont alors bloqué l'accès à la carrière de gravier, qui se trouve également sur le territoire contesté. En opération depuis 1990, cette carrière a toujours été contestée par les Mohawks, bien qu'aucune action n'avait été entreprise jusqu'à ce jour pour en perturber le fonctionnement. Le fait que le promoteur immobilier ait voulu s'y approvisionner dans le cadre de son projet de développement controversé s'est toutefois avéré la goutte qui a fait déborder le vase.

    Les quelque 150 Mohawks qui bloquent présentement l'accès à la carrière disent qu'ils et elles y resteront tant que le gouvernement ontarien n'en révoquera pas le permis d'opération. Leur porte-parole Shawn Brant l'a clairement affirmé: "Laissez-moi vous dire qu'à partir du moment où nous serons retranchéEs, ça prendra quelque chose comme des frappes aériennes pour nous faire sortir d'ici!" (Osprey News Network, 23/03/2007)

    Bien qu'il n'appuie pas officiellement l'action, le chef du conseil de bande de Tyendinaga, Don Maracle, dit "comprendre la frustration des jeunes qui souhaitent en arriver à une solution dans le meilleur intérêt des futures générations".

    Ce qui se passe actuellement sur le territoire de Tyendinaga ressemble en tous points à la situation qui a donné lieu au soulèvement des membres de la Confédération des Six-Nations, près de Caledonia à l'ouest de Toronto, qui se battent depuis plus d'un an pour empêcher un projet de développement du même ordre.

    Dans un cas comme dans l'autre, les autochtones ont entièrement raison de se battre avec tous les moyens nécessaires pour faire valoir leurs droits! Le gouvernement canadien prétend que "le Canada est déterminé à honorer ses obligations légales en souffrance envers les Premières nations et à régler les revendications non résolues [qu'il chiffre au nombre de 120] au bénéfice de tous les Canadiens" (selon la Fiche d'information publiée le 23 mars par le ministère des Affaires indiennes).

    C'est bien là tout le problème! Historiquement, les nations autochtones ont été spoliées de leurs droits territoriaux au bénéfice de la grande bourgeoisie canadienne, qui a imposé son contrôle sur les territoires et les ressources des peuples autochtones pour s'établir parmi les grandes puissances impérialistes. Tant que l'État canadien prétendra "honorer ses obligations légales" au bénéfice de la bourgeoisie canadienne -- et on ne saurait s'attendre à autre chose de la part d'un tel État bourgeois -- les droits des nations autochtones continueront à être foulés aux pieds. Et leur résistance posera des défis de plus en plus grand au capitalisme canadien.

    Les travailleurs et travailleuses de tout le Canada doivent appuyer inconditionnellement et avec vigueur le droit à l'autodétermination des nations autochtones. Les Mohawks de Tyendinaga, les membres des Six-Nations à Caledonia tout comme les autochtones sans statut du parc de La Vérendrye au Québec ont raison de se révolter! Leurs revendications sont justes et légitimes. En les appuyant et en rompant enfin avec la domination coloniale exercée en notre nom par la bourgeoisie canadienne, nous jetterons les bases à un grand mouvement de lutte, suffisamment puissant pour renverser la bourgeoisie et son État et accorder la pleine liberté à tous et toutes les oppriméEs qui vivent sur le territoire canadien!

    http://www.cmaq.net/fr/node/27057

     


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