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L'opposition du Canada aux droits des peuples autochtones à la Conférence des Nations Unies
L'opposition du Canada aux droits des peuples autochtones à la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques est une honte, déclare le Chef national de l'APN
Cette année, la Journée internationale des droits de l'homme, le 10 décembre, marque le 60e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme.
"Le thème retenu par les Nations Unies pour l'anniversaire célébré cette année est "Dignité et justice pour tous". La Déclaration universelle des droits de l'homme représente un engagement international en faveur de la dignité et de la justice pour chaque individu, pour tous les peuples, partout dans le monde. Les droits de la personne ne sont pas un luxe; ils appartiennent à tous. Le refus opposé par le Canada aux droits des populations autochtones fait injure aux valeurs, aux principes et aux droits essentiels que la Déclaration des droits de l'homme des Nations Unies représente", a déclaré le Chef national de l'Assemblée des Premières Nations, Phil Fontaine.
Cette déclaration fait suite au refus opposé par le Canada à la reconnaissance des droits des Autochtones dans le cadre d'une nouvelle initiative internationale sur les changements climatiques proposée cette semaine. Cette initiative sur le climat, connue sous l'appellation Réduction des émissions liées au déboisement et à la dégradation des forêts (REDD), est présentée à la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques qui a lieu actuellement à Poznan, en Pologne.
Le Chef national a déclaré : "Dans un pays démocratique avancé comme le Canada, il est incompréhensible qu'on choisisse d'ignorer les droits des peuples autochtones. Nous sommes physiquement, spirituellement et culturellement liés à notre monde naturel. Nous sommes liés à la terre, à
l'eau et à tous les aspects de notre environnement physique. Le refus de nos droits dans cet important accord sur les changements climatiques mondiaux constitue un viol de nos droits fondamentaux en tant que peuples autochtones."
Le Canada, les États-Unis et l'Australie ont exprimé un intérêt pour l'inclusion de la réduction des émissions liées au déboisement et à la dégradation des forêts dans cet accord. L'objectif est de combattre le déboisement dans les pays en développement en tirant parti des marches d'échanges des droits d'émissions dans le cadre d'un accord futur sur le climat qui fera suite à la première phase du Protocole de Kyoto, qui prend fin en 2012.
Cependant, alors que le texte était en cours de rédaction hier, le Canada s'est joint aux États-Unis, à l'Australie et à la Nouvelle-Zélande en insistant pour que des références aux droits des Autochtones et à la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones soient retirées du texte.
"La position prise par le Canada à la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques est la toute dernière d'une série de decisions hostiles aux droits des Autochtones. Ces décisions portent atteinte à la réputation du Canada comme défenseur et promoteur des droits de la personne sur la scène internationale", a poursuivi le Chef national de l'APN, Phil Fontaine.
Il a ajouté que le fait que le gouvernement canadien ait refusé de signer la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, et ce malgré une motion passée à la Chambre des communes le 8 avril 2008 demandant au Parlement d'adopter et de mettre en œuvre les principes énoncés dans la Déclaration, est contraire au droit canadien.
"Qui plus est, les droits de nos enfants sont menacés dans ce pays. Le gouvernement fédéral a refusé de se pencher sur le problème de la discrimination à l'endroit des enfants des Premières Nations en éducation et dans le système de protection de l'enfance. En moyenne, les organismes de services à l'enfance et à la famille des Premières Nations reçoivent 22 % de financement en moins que les organismes provinciaux, point souligné par la vérificatrice générale dans son rapport du mois de mai 2008", a rappelé le Chef national, Phil Fontaine.
La vérificatrice générale a critiqué le programme en indiquant que l'insuffisance de financement signifie que le gouvernement fédéral n'attribue pas aux organismes de services à l'enfance et à la famille des Premières Nations les fonds nécessaires pour répondre aux besoins des enfants confiés aux soins de l'État.
Au mois d'octobre, la Commission canadienne des droits de la personne a décidé de porter la cause devant le Tribunal canadien des droits de la personne. Cependant, le gouvernement fédéral a récemment déposé une demande de contrôle judiciaire sur des points techniques, ce qui retardera l'audience et aussi l'application de la justice pour des milliers d'enfants des Premières Nations confiés aux soins de l'État.
"Cette attitude est en contradiction complète avec la position précédente du gouvernement qui, pendant la dernière session parlementaire, a insisté pour que la Loi canadienne sur les droits de la personne s'applique aux citoyens des Premières Nations qui vivent dans les réserves. Cependant, cette incohérence dans la promotion et la protection des droits de la personne par le gouvernement canadien pour les enfants des Premières Nations viole les principes d'égalité, de justice et d'universalité des droits de la personne. Les droits de nos enfants et de tous les enfants ne devraient pas être suspendus à cause de points de détail", a fait remarquer le Chef national.
Comme c'est le cas avec l'aide à l'enfance, le taux d'indexation d'autres programmes essentiels pour les enfants des Premières Nations, par exemple en matière d'éducation, a été limité à 2 % par année, ce qui ne suffit pas pour suivre le rythme de l'inflation ou celui de l'accroissement de la population des Premières Nations.
"Le fossé entre les membres des Premières Nations et les Canadiens en ce qui a trait à la qualité de vie et au bien-être continue de s'élargir et cela n'est acceptable pour aucune personne ni aucun enfant, y compris des Premières Nations", a souligné Phil Fontaine.
Actuellement, les écoles des Premières Nations reçoivent 2 000 $ de moins par an, par enfant, que les écoles provinciales. En 2007, AINC a déterminé que 69 nouvelles écoles étaient nécessaires tandis que 95 autres avaient besoin de réparations majeures. Environ 40 communautés des Premières Nations n'ont pas d'école du tout. Le plan actuel d'AINC ne porte que sur 27 de ces sites et est en attente de financement.
"En ce jour de célébration des droits de la personne, j'en appelle au gouvernement du Canada pour qu'il agisse comme il se doit, pour qu'il fasse respecter les droits des peuples autochtones et les droits de nos enfants et qu'il fasse la promotion de ces droits."
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