voici un ti reportage
Dossier réalisé avec le magazine Ulysse de Novembre et décembre 2006
http://www.ulyssemag.com/ je l'ai trouvé très interressant ! on a juste a fermé les yeux pour ci-voire ! tipied
En Abitibi, certains Amérindiens tentent de vivre encore en pleine forêt, quelques mois par an. Sophie Grépon a rencontré les Cooper, une famille Cri installée à une soixantaine de kilomètres de Senneterre
Cest une petite cabane en bois toute simple posée au bord du lac Attic. Une modeste baraque isolée ave de la laine de verre et recouverte de contreplaqué à lintérieur, qui ne comporte que deux pièces où sentassent Salomon Cooper le père, Brenda, la mère, Stonen Cooper, le beau frère et les deux enfants., Alexandre et Lucas. Une table, un évier, un divan, un buffet, deux lits, le mobilier est modeste. Au mur est accroché comme un trophée un drapeau canadien estampillé dune silhouette dindien à cheval, encadré par une béquille et une canne. Tout un symbole
Affiché bien en vue sur lune des vitres, un certificat doccupation délivré par le Conseil de la Nation Anishnabe du Lac Simon atteste que la famille occupe sont lot de trappe, hérité du grand-père de Salomon. A lextérieur, le cadavre écorché dune martre pend le long dun arbre.
Ici on a beau chercher, il ny a pas lombre dune route, pas la moindre trace dun village. Pour y arriver, il faut prendre le train Montréal-Senneterre puis descendre à la pourvoirie Forsythe, un ancien poste de garde de feu construit en 1928 en pleine forêt. Là, Jean-Léo Béribé, le propriétaire, autrefois pilote dhydravion et garde-chasse, vous proposera peut-être une visite chez ses voisins les Cooper dont il connaît le père, Salomon depuis quil est tout petit. Nous enfourcherons des ski-doo pour rejoindre la petite cabane à travers lacs gelés et futaies. La famille Cooper, de la tribu des Indiens Cris, vit en pleine nature quelques mois par an. Dés que lécole est finie, ils abandonnent leur maison de Lebel-sur-Quévillon dans la réserve Waswanipi, à 400 Kms plus au nord, pour venir chasser lorignal.
La veille, justement, ils en ont tué un. Salomon la traîné sur 35 Kms, attaché derrière son ski-doo. Sa carcasse sanguinolente gît sur lépaisse croûte de glace qui recouvre encore le lac, à quelques mètres de la maison. Une belle bête de 500 livres (250kg) dont il ne reste que la colonne vertébrale et des lambeaux de chair que quelques geais gris se disputent. En, une journée, lorignal a été entièrement dépecé. Ne subsiste de lui que la tête aux yeux vitreux et à la langue pendante, posée sur un établi à lintérieur de la cabane. « Un animal de cette taille, nous donne deux mois de nourriture, raconte Brenda qui pratique un bon français en plus de langlais, du Cri et de lAlgonquin. On le partage avec nos aînés, qui ne peuvent plus aller à la chasse. » Rien nest perdu : les côtes, longues de 80 cm, la poitrine, un morceau gras et juteux donné le plus souvent aux aînés pour sa valeur nutritive, le « flemignon » (un morceau situé le long de la colonne vertébrale), le cur, tout est mis dans des sachets quil ny a même pas besoin de congeler puisque la températures ambiante est de -10°C ; Brenda les stockes dans la remise adossée à larrière de la cabane avec les outils. Les os sont cuits sur un barbecue improvisé pour récupérer la moelle qui, une fois durcie, se mange sur la « banik », pain fait maison. Quant aux pattes aux panaches et à la peau, Brenda les récupère pour les vendre ou pour fabriquer des « mitaines » (moufles). « Je racle les poils de la peau puis je la boucane (la fumer) pour quelle prenne une belle couleur tabac blond. Cela va me prendre plusieurs semaines ! »
Les enfants participent à la chasse et à la pêche. Dans la famille Cooper on met un point dhonneur à transmettre aux futures générations le savoir ancestral. Lucas, 16 ans, nest pas allé à lécole pendant un an pour apprendre avec ses parents les techniques de chasse et de pêche. Il ny retournera quen 2007, cette fois pour intégrer lécole pour adulte de Senneterre. La fille de Brenda, Sally 18 ans, qui travaille dans une garderie de Waswanipi a appris avec sa mère à nettoyer les peaux de castor, de martres et de lièvres. Quant à Alexandre, 12 ans, il part le matin une bonne heure avec sa mère poser les collets. « On piège surtout des martres. Pour les attirer, on laisse comme appât un morceau de viande dorignal. »
Lucas, lui, accompagne son père dans les battues et il ne se prive pas dannoncer quils ont tué un loup cet hiver. « On a vendu la peau 30 dollars ! » La trappe que la famille pratique a partir de lautomne, rapporte, au dire de Salomon, environ 3 000 dollars par ans et couvre les dépenses du ski-doo. Salomon envoie les peaux par la poste à Winnipeg, lune des premières villes ou la Compagnie de la baie dHudson installa des magasins de vente de fourrure au détail.
Pour le reste, la famille vit avec 30 000 dollars canadiens (un chiffre difficile à vérifier) versés par le gouvernement en compensation de loccupation et lexploitation de territoires Cris par Hydro Québec, la compagnie délectricité québécoise.
La matinée avance et il est temps daller relever les filets. Comme beaucoup de Québécois, la famille pratique la pêche sous glace, quon appelle ici la pêche blanche. Nous reprenons nos ski-doo pour foncer à toute allure vers deux bâtons plantés au milieu du lac gelé. Cest le repère qui marque lemplacement de deux trous creusés à une quinzaine de mètres de distance, dans une couche de glace denviron 1,20metres dépaisseur. Salomon et Lucas se postent au dessus du premier trou ou est installé un filet dune longueur de 450 mètres pour une profondeur de 4,50 mètres, lesté par une petite enclume. Stonen se dirige vers le second pour tenir le filin qui permettra de remettre le filet en place un fois les poissons récupérés. La pêche nest par s miraculeuse : un doré et une carpe. Cela suffira néanmoins pour le déjeuner. Il est temps de retrouver Brenda, qui a prévu de nous faire goûter de la viande dorignal. Un repas simple dans une petite cabane en bois posée au bord du lac Attic
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