C'est en organisant une expédition de chasse collective au caribou [réalisée en avril 2006] que des membres de la communauté, inspirés par la vision d'un des leurs, Essimeu Mckenzie, ont décidé de solliciter Jean-Étienne Poirier, jeune anthropologue, auteur et vidéaste, dans le but de produire un film au sujet de leur démarche. Un film qui serait une prise de parole face au reste du monde, mais aussi le point de départ d'une réflexion collective au sein de la communauté — réflexion sur l'avenir et passant nécessairement par l'éducation des enfants, l'accroissement de l'estime et la dignité identitaire des adultes. Cette démarche globale présentée par les instigateurs du projet comme « un processus de recherche-action [déclenchée] en organisant une activité de chasse comme une forme de reprise de notre identité et d'une recherche de légitimation d'un système de gouvernance autonome ancrée dans notre culture et nos traditions » [extraits d'une lettre des chasseurs envoyée à Khamtaar/Faire ensemble, l'organisme de recherche et d'éducation interculturel au sein duquel travaille Jean-Étienne].

Toujours selon le groupe de chasseurs à l'origine du projet, cet outil cinématographique que sera le film NIKANISH pourra donc contribuer à « présenter  la communauté de Matimekush/Lac-John de façon digne au reste du monde, dans le cadre d'échanges et de projets avec d'autres communautés, et […] ainsi nourrir la volonté de la communauté de s'affirmer culturellement et de prendre en main la réalisation d'activités autour de sa propre culture. Finalement, […] le film va valoriser le modèle culturel innu auprès des jeunes innus et, de cette façon, contribuer positivement à la démarche identitaire de plusieurs jeunes pour qui cela n'est pas toujours facile ».

De fait, ce n'est franchement pas facile pour les jeunes innus. Statistique troublante mais réelle : 3 enfants sur 4 sont signalés à la DPJ dans la communauté de Matimekush/Lac-John. L'essence du projet est donc d'impliquer la population dans la résolution collective de sa souffrance identitaire génératrice de problèmes majeurs de consommation [alcool et drogue] et de désordre social. Une des voies proposées par la communauté est de valoriser dans le film les savoirs des aînés. Cela sera fait grâce à la présence de personnages très significatifs pour la communauté [entre autres François Aster, 95 ans, doyen de la communauté et réel trésor patrimonial vivant].

Ce qui ressort immédiatement de cette initiative, et qui en fait un projet novateur en milieu autochtone au Québec, c'est l'effet multiplicateur d'un projet directement orienté vers l'avenir des enfants à travers la mise en valeur d'une éducation forte sur le plan identitaire. Le film n'est donc pas conçu ici comme une fin, mais comme un outil d'éducation, d'intervention et de communication interculturelle ainsi que de conservation de la mémoire dont les usages et les suites seront multiples.

Une fois le film réalisé et produit, les Innus de Matimekush/Lac-John auront un prétexte de choix, un motif tangible, pour se présenter à Québec, Montréal, Hull, etc. et ainsi entrer en contact avec les citoyens curieux et motivés à reconstruire les liens d'amitié entre les Amérindiens et les Québécois d'origine européenne. Cette amitié initiale a permis aux nouveaux arrivants en Amérique, il y a plus de 400 ans, de survivre à l'hiver et aux défis de toutes sortes qu'ils devaient affronter ici.

Ces présentations du film, bâties à la façon de rencontres interculturelles, seront appuyées par Khamtaar/Faire ensemble puisqu'elles cadrent parfaitement avec l'esprit de sa mission.


Objectifs spécifiques du projet

Le projet NIKANISH est une démarche qualifiée de recherche/action par les Innus de Matimekush/Lac-John. Provoqués par la fermeture prématurée de leur école [primaire/secondaire] au printemps 2006 [pour cause de rénovations], ils ont décidé d'explorer de nouveaux sentiers plutôt que d'attendre passivement sa réouverture. L'objectif général du projet est de nourrir une réflexion active au sujet de l'éducation des jeunes innus; et les objectifs spécifiques de la phase du projet décrite dans ce document sont :

> Réunir la communauté afin de stimuler l'échange et l'initiative grâce à une œuvre cinématographique [NIKANISH] présentant les défis, les enjeux et les inspirations positives de la communauté en lien avec le rêve de voir naître chez eux une éducation réellement innue;

> Faire émerger dans l'ensemble des communautés innues des individus désirant s'investir [lors des échanges autour de la diffusion NIKANISH] dans l'établissement et l'avancement d'une éducation basée sur la culture innue;    
    
> Bâtir un réseau de solidarité avec les Innus au Québec et à l'international grâce à la diffusion de NIKANISH.


Description du film

NIKANISH est un film qui se veut poétique et inspirant, tant pour les Innus que pour les autres peuples qui le découvriront lors de sa diffusion nationale et internationale. C'est l'histoire de la communauté innue de Matimekush/Lac-John confrontée à la fermeture prématurée de l'école de Schefferville au printemps 2006 pour cause de rénovations. Au lieu d'attendre passivement la réouverture de l'école, les Innus décident d'explorer de nouveaux sentiers. Des sentiers tracés à partir de leur culture.

Afin de nourrir la vision d'une éducation véritablement innue, une grande expédition de chasse collective au caribou est organisée. Cela a permis aux Innus de vivre ainsi la tradition du partage et de revisiter d'autres racines culturelles de la communauté à travers cette institution fondamentale qu'est la chasse.

NIKANISH est donc le récit de cette aventure, ponctuée par des interventions d'aînés, d'éducateurs et de jeunes innus au sujet de ce qui serait leur école de rêve…

http://www.khamtaar.org/main.php?section=nouvelle_00a&id=1009

voici un extrait :