Le Nunavut sans le froid
Marie Tison
La Presse
Il devrait faire -24 ºC cette nuit à Qikiqtarjuaq, sur la Terre de Baffin. Ce n'est pas nécessairement tout le monde qui a envie de braver ces températures pour admirer les beautés du Nunavut et aller à la rencontre des Inuits.
Heureusement pour les touristes plus douillets, deux Français, Nadine et Jean-Claude Forestier-Blazart, ont effectué une quinzaine de voyages en Arctique et sont revenus avec un très bel album, Arctique canadien, itinéraires au Nunavut.
Les auteurs visitent plusieurs communautés de l'Arctique mais c'est à Qikiqtarjuaq, petit village de 150 habitants, qu'ils s'attardent, en raison notamment de l'hospitalité d'un Inuk, Pauloosie Kooneeliusie, qui leur fait connaître les façons de vivre d'aujourd'hui et d'autrefois.
Le livre s'attache d'ailleurs davantage aux Inuits qu'à la nature arctique elle-même. On va à la chasse avec eux, à la pêche, on assiste à des compétitions de dépeçage de phoques, on va magasiner à la coop du coin.
Les auteurs ne craignent pas d'aborder en passant quelques réalités moins idylliques de l'Arctique. Ils parlent notamment des délocalisations, ces grands déménagements de communautés inuites du siècle dernier qui visaient notamment à proclamer la souveraineté canadienne sur des régions qui n'étaient pas habitées jusque là. Ils mentionnent aussi le chômage, la consommation d'alcool et de drogue et la cruauté envers les chiens de traîneau. Les auteurs préfèrent quand même mettre l'accent sur les aspects positifs des communautés inuites, comme l'hospitalité et les traditions.
Entre les récits de leurs expériences sur la banquise, ils proposent quelques courts rappels historiques : qui sont les ancêtres des Inuits? Quelles ont été les grandes étapes de la découverte du passage du Nord-Ouest? Comment a été créé le Nunavut, le plus jeune territoire du Canada?
Les auteurs s'attardent aussi sur quelques incontournables de la culture inuite, comme l'inuksuk, cette sentinelle de pierres qui monte la garde partout dans l'Arctique canadien, et l'ulu, ce petit couteau inuit de forme particulière qui sert à tout, tout, tout.
C'est donc un intéressant voyage que proposent les auteurs, un voyage qui, pour les lecteurs, ne nécessite ni tuque, ni mitaines, ni doudoune.