• Pas facile d'être jeune et inuit

    Pas facile d'être jeune et inuit
     
    Pendant quatre ans, les cas de 139 enfants du Nunavik ayant fait l'objet de quelque 650 signalements ont été regardés à la loupe par la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse du Québec. (Photo Isabelle Dubois,  archives La Presse)
    Pendant quatre ans, les cas de 139 enfants du Nunavik ayant fait l'objet de quelque 650 signalements ont été regardés à la loupe par la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse du Québec.
    Photo Isabelle Dubois, archives La Presse

     
    Sophie Ouimet-Lamothe
    La Presse
     
    Des enfants qui se suicident à 12 ans. Des filles enceintes à 13 ans. Un taux de décrochage qui frise les 95%. Nous ne sommes pas dans un pays du tiers-monde, mais au Nunavik, dans le nord du Québec. Selon un rapport rendu public hier, les jeunes de la région ne reçoivent pas la protection à laquelle ils ont droit en vertu de la loi.

     

     
    Quatre ans. C'est le nombre d'années qu'a pris la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse du Québec pour réaliser son enquête. «Nous avons effectué un travail de recherche complexe, parce que nous voulions respecter la réalité culturelle», explique Sylvie Godin, vice-présidente de la Commission.
    Un délai trop long, selon Philippe Jodouin, un psychologue qui a travaillé pendant huit ans au Nunavik. «C'est incroyable que ça ait pris autant de temps, déplore-t-il. Plein de jeunes sont morts, en quatre ans.»
     
    Recommandations
     
    Les cas de 139 enfants, ayant fait l'objet de quelque 650 signalements, ont été scrutés. L'enquête lève le voile sur la situation peu reluisante des jeunes de moins de 18 ans au Nunavik, qui forment près de la moitié de la population. La Commission énonce une série de recommandations à la fin du rapport.
    Elle demande à la communauté de se mobiliser pour mettre les intérêts des enfants au coeur des priorités. La Commission veut aussi que le premier ministre du Québec, Jean Charest, s'occupe personnellement du dossier. Elle veut ainsi assurer une bonne coordination des trois ministères impliqués, ceux de la Santé et des Services sociaux, de la Justice et des Affaires autochtones.
    Québec a réagi à la publication du rapport par voie de communiqué. «Le gouvernement donnera suite, de concert avec les autorités locales, aux recommandations présentées par la Commission», peut-on lire. Parti en vacances, Philippe Couillard, le ministre de la Santé et des Services sociaux, n'a pas commenté le rapport.
    Jeannie May, directrice de la régie régionale de la santé et des services sociaux du Nunavik, approuve les recommandations. «J'espère que ce rapport ouvrira les yeux du gouvernement, affirme-t-elle. Nous l'utilisons comme un outil positif, pour travailler avec la communauté et avec le gouvernement.»
    Dans un an, la Commission fera un suivi de ses recommandations. «On pourra alors apprécier la différence», dit Mme Godin.
     
    La pointe de l'iceberg
     
    M. Jodouin trouve les recommandations réalistes. Il approuve l'enquête, mais ce n'est que la pointe de l'iceberg, selon lui. «Vous n'avez rien dans le rapport. Vous n'avez pas les histoires salées, les histoires d'enfants brûlés avec des mégots de cigarette. On vit un Darfour présentement au Québec», affirme-t-il.
    Il est sceptique face à l'action du gouvernement. «Nous devons continuer à taper sur le clou, lance-t-il. Il ne faut pas que M. Couillard s'en sorte comme ça!»
     
    Manque de ressources
     
    Élisapie Isaac, chanteuse du duo Taima, est originaire de Salluit, au Nunavik. Il y a un peu plus de sept ans, elle a déménagé à Montréal. «Les enfants, même s'ils sont inuits, ont le droit d'être protégés, croit-elle. Quand il n'y a pas un seul psychologue dans les villages, c'est un signe que les jeunes, ce n'est pas la priorité.»
    M. Jodouin abonde dans son sens. «J'ai travaillé à la commission scolaire. J'étais le seul psychologue pour 14 villages. Ça montre qu'il y a un manque flagrant de ressources», conclut-il.
     

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