Plan Nord - La résistance innue s'organise
«On en est à une manifestation pacifique, mais ça pourrait changer»
" height="396" src="http://www.ledevoir.com/images_galerie/d_92054_77323/image.jpg" title="Depuis deux semaines maintenant, des citoyens innus se relaient à la sortie de la réserve de Betsiamites, des pancartes plantées à côté deux.
" width="449" />
Photo : Collaboration spéciale
Depuis deux semaines maintenant, des citoyens innus se relaient à la sortie de la réserve de Betsiamites, des pancartes plantées à côté d’eux.
La résistance innue s'organise contre le Plan Nord. Un campement a été érigé le long de la route 138, à mi-chemin entre Forestville et Baie-Comeau, afin de sensibiliser la population et de dénoncer le développement des ressources naturelles proposé par le gouvernement Charest.
«C'est un cri de désespoir. Le gouvernement ne peut pas continuer en nous mettant toujours à l'écart», a lancé l'instigateur de cette manifestation de colère, Arthur Picard.
Ce citoyen innu de trente ans en a ras le bol des visions d'exploitation des richesses du Nord québécois qui ne prennent pas en considération, estime-t-il, la volonté des peuples autochtones qui vivent sur ce vaste territoire. Arthur Picard prend le risque d'être perçu comme un frein au progrès.
«On n'a aucun bénéfice des investissements passés. Aucun Innu ne travaille sur les barrages. Il y a eu des répercussions importantes, humaines et environnementales, aux 13 barrages hydroélectriques bâtis illégalement. Le développement s'est fait à notre insu. C'est la tactique d'Hydro-Québec», soutient M. Picard.
Depuis deux semaines maintenant, M. Picard et une douzaine de citoyens innus se sont installés à la sortie de la réserve de Betsiamites, des pancartes plantées à côté d'eux. Le mouvement a pris de l'ampleur. Depuis une semaine, une quarantaine de personnes se relaient nuit et jour, notamment pour faire signer une pétition.
Les signataires réclament l'arrêt du Plan Nord parce que l'exploitation des ressources naturelles aura des répercussions irréversibles sur l'environnement, les populations et leur mode de vie, que l'uranium n'est pas exclu des minerais exploitables, qu'il n'y a ni consultation des autochtones ni redevances prévues. De plus, le gouvernement n'a pas obtenu le consentement des autochtones avant d'aller de l'avant, comme le prévoit pourtant la Déclaration de l'ONU sur les droits des peuples autochtones.
À l'heure actuelle, seuls les Cris et les Inuits ont appuyé le projet du premier ministre Jean Charest. Ces deux communautés bénéficient d'une protection en vertu de la Convention de la Baie-James. Quant aux Innus, qui représentent 60 % des autochtones touchés par le Plan Nord, ils sont regroupés au sein de l'Alliance stratégique innue et de l'Assemblée des Premières Nations.
Arthur Picard espère que son geste pacifique sera entendu par les autres communautés autochtones ainsi que par la population québécoise en général. Il invite à la solidarité, question de hausser le ton. «Une augmentation des moyens de pression est envisageable. On en est à une manifestation pacifique, mais ça pourrait changer», laisse tomber Arthur Picard.