«Pour commencer, a-t-elle respectueusement indiqué, je vais vous interpréter une chanson pour honorer la terre mère, ainsi que toutes les mamans et les grands-mamans.»
Pauline Dubé a raconté sa naissance avec l'aide d'une sage-femme. Elle a connu, le pensionnat de Pointe-Bleue où, dit-elle la larme à l'œil, «on m'interdisait de parler ma langue. Je ne comprenais pas alors que je vivais un genre d'enlèvement.»
C'est à Saint-Michel-des-Saints qu'elle trouvera l'amour et qu'elle élevera ses deux enfants. «Mon cœur, précisera-t-elle, est toutefois demeuré à Manawan.»
Manawan dont les résidants font des heures de route, parfois dans des conditions extrêmement difficiles, pour se rendre à Saint-Michel-des-Saints ou à Joliette,
Manawan où un couvre-feu est maintenant en vigueur pour permettre aux enfants, aux adolescents, de rentrer à la maison afin de se reposer et se reprendre en mains.
«C'est une approche de réconciliation, de responsabilisation. Nous avons eu des problèmes sociaux», dit-elle en murmurant presque les mots drogue et alcool.
Récipiendaire en 2010 d'une bourse du Conseil des arts du Canada afin de l'aider à rédiger un manuscrit, Mme Dubé en a lu un extrait aux 85 participantes à la réunion.
«Ce message m'a été transmis en rêve. J'entendais mes parents, nos parents en fait. Ils nous disent de ne pas oublier nos racines et de n'abandonner personne dans la détresse.»
L'assistance a vivement réagi lorsque Pauline Dubé leur a présenté son porte-bébé traditionnel. «Ma mère m'a porté dans un «tikinakan» jusqu'à l'âge de trois ans. Je ne voulais plus débarquer. Remarquez l'anneau de sécurité pour protéger la tête. Les femmes portent toujours le «tikinakan» très haut pour que le bébé soit associé aux activités des grands.
Pauline Dubé a aussi évoqué des cérémonies en l'honneur des enfants, dont celle des premiers pas et les termes Atikamekw qu'il a fallu inventer pour décrire les caméras, radios et ordinateurs.
Les Québécois ont quatre saisons, les Atikamekw en ont six, avec le pré-printemps où le soleil fait la vie dure aux bancs de neige, et le pré-hiver des premières neiges.
Pauline Dubé espère pouvoir un jour ouvrir un centre nature du mieux-être en Haute-Matawinie. «Ce que nous voulons pour faire progresser Manawan, ce sont des touristes à qui l'on fera découvrir notre territoire.»