• ROBERT FLEURY :Après les excuses.....

    Le lundi 21 juillet 2008

    ROBERT FLEURY : Après les excuses...

    Le Soleil

    Québec

     
     

    Pouvons-nous accepter que plus de 100 communautés soient obligées de faire bouillir leur eau potable et que près de la moitié d’entre elles n’aient même pas d’écoles pour faire instruire leurs enfants? Non, nous ne sommes pas dans un pays en voie de développement, mais au Canada, un pays qui fait pourtant la morale aux autres sur la scène internationale.

    Nos autochtones sont traités en citoyens de deuxième classe. Leurs enfants sont deux fois plus nombreux à décrocher avant la fin de leurs études secondaires et post-secondaires. Le suicide décime leurs rangs. Dès le berceau, la mortalité infantile y est plus élevée.

    Il y a une pénurie de 36 000 logements sur les réserves et le boum des naissances persiste. Les conditions d’hygiène et de promiscuité sont telles qu’elles ont favorisé la réapparition de la tuberculose, une maladie contagieuse pourtant disparue.

    La pauvreté est endémique. Le taux de chômage dans les réserves est quatre fois plus élevé qu’ailleurs et les revenus sont inférieurs à la moyenne canadienne de 50 %.

    «Quand les Canadiens réalisent quelle est la situation dans les réserves, ils sont heurtés dans leur sens de la justice», dit le chef des Premières Nations du Canada, Phil Fontaine. Celui-ci participait à une rencontre éditoriale au journal Le Soleil, la semaine dernière.

    Nous sommes rendus à une ère de «réconciliation après les excuses», selon les paroles mêmes du chef. Et de réparation.

    Les excuses officielles faites par le premier ministre Stephen Harper et les autres chefs de partis fédéraux furent un baume, le mois dernier. Pendant plus d’un siècle, des jeunes d’âge scolaire ont été forcés à l’assimilation, obligés de fréquenter ces tristes pensionnats indiens.

    Les excuses, qu’elles proviennent des autorités politiques ou religieuses, sont un passage obligé pour amorcer le processus de réconciliation. Il ne faut pas sous-estimer leur pouvoir de guérison. Sauf que le temps est maintenant à l’action pour corriger ces disparités criantes.

    Les Premières Nations comptent sur le Conseil de la fédération et sur le premier ministre Jean Charest — un partisan des accords de Kelowna — pour inciter le gouvernement fédéral à investir en éducation préscolaire, primaire et secondaire, cette responsabilité étant de juridiction fédérale pour les Amérindiens.

    Or les écoles sont dans un piètre état. L’éducation souffre de sous-financement chronique, les investissements tardent. Il y a un rattrapage énorme à faire.

    Les 5 milliards $ prévus aux accords de Kelowna, conclus en 2005, sont destinés à endiguer la pauvreté. Mais encore faut-il mettre ces moyens en œuvre!

    Une étape importante a été réalisée, l’année dernière, avec la Convention de règlement sur les pensionnats indiens. Selon la commission Vérité et réconciliation, il resterait environ 85 000 survivants. Ces établissements ont existé à partir de 1840 et jusqu’en 1996. Les anciens élèves recevront des compensations de 10 000 $ pour leur première année d’internat et 3000 $ pour chacune des années suivantes.

    Même si le chef Fontaine souhaite encore des excuses officielles de la part du pape Benoît XVI, il estime que l’Église catholique fait sa part avec un règlement de 25 millions $ et des programmes offerts aux communautés.

    Essentiellement, les Premières Nations réclament le droit de décider pour elles-mêmes sans être sous la tutelle d’une loi sur les Indiens aussi inique que
    désuète. Ottawa doit cesser de les infantiliser.

    Le premier ministre Stephen Harper a fait un beau geste, le 11 juin dernier, en présentant les excuses officielles du gouvernement canadien. Il lui reste à mettre en place les mesures qui corrigeront ces disparités économiques et sociales qui font la honte des Canadiens.

    http://www.cyberpresse.ca/article/20080721/CPSOLEIL/80720103/5019/CPSOLEIL/?utm_source=Fils&utm_medium=RSS&utm_campaign=acheid%0aLE_SOLEIL


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