Le lundi 22 septembre 2008
Simon CooCoo - Chef du conseil de bande de Wemotaci
Simon CooCoo se passionne pour le développement de sa communauté.
Photo: Sylvain Mayer Marc Rochette
Le Nouvelliste
Trois-Rivières
Simon CooCoo aurait eu toutes les raisons du monde de se sentir déraciné de son village natal. Il fut l'un de ces nombreux enfants autochtones à être «déportés» par le gouvernement dans des pensionnats. Et sa formation aurait pu l'amener à faire carrière dans les grands centres.
Pourtant, aujourd'hui, non seulement est-il le chef de la communauté de Wemotaci, en haute Mauricie, mais sa passion n'aura jamais été aussi forte pour développer son milieu de quelque 1500 âmes.
Et cette communauté, il la connaît depuis sa tendre enfance où ses parents et grands-parents y ont aussi vécu.
Cinquième d'une famille de huit enfants, on l'aura donc forcé à prendre la direction du pensionnat de Pointe-Bleue dès l'âge de six ans.
Pendant les dix années suivantes, il aura ainsi quitté le foyer familial de l'automne au printemps.
«Le seul point positif, c'est qu'on ne faisait que lire et écrire, ce qui fait qu'un homme dans la cinquantaine sait très bien lire alors que les jeunes ont maintenant de la difficulté», confie l'homme de 54 ans, conscient que ces années ont marqué toute une jeunesse autochtone.
Par la suite, Simon CooCoo décide de poursuivre ses études dans un collège fédéral des Laurentides en économie.
En 1976, c'est le mariage avec Mireille, également de Wemotaci.
Mais alors qu'il envisageait de se rendre à l'université, il répond à l'offre du conseil de bande de sa communauté qui voulait attirer de jeunes finissants.
Après une expérience de trois ans comme agent de développement économique, le Conseil Atikamekw-Montagnais le recrute à Québec, en études et recherche, ce qui signifiera un déménagement au milieu des années 80.
Savoir écouter, voilà la qualité première d'un chef, selon Somon CooCoo.
Photo: Sylvain Mayer
Une dizaine d'années plus tard, c'est le retour en région, mais cette fois à La Tuque, pour le Conseil de la Nation Atikamekw (CNA).
Vers la fin des années 90, il rentre au bercail pour devenir membre du Conseil de bande de Wemotaci.
Et tout en étant conseiller, il continuera à travailler à la recherche pour le CNA.
En mai 2006, Simon CooCoo devient chef du Conseil de bande de Wemotaci.
Et les défis ne manquent pas pour celui qui doit composer avec une population passablement jeune.
«Plus de 65 % des gens sont âgés de 35 ans et moins», souligne-t-il.
Non seulement se préoccupe-t-il de ce qu'ils vont faire dans cinq et dix ans, mais il y a également le danger de les voir quitter la communauté.
Et c'est ce qui explique la création d'un comité de travail qui se penche sur la question d'ici le mois de janvier 2009.
«Nos trois axes de développement sont la forêt, l'eau et le tourisme», se plaît-il à indiquer.
Outre les retombées de plusieurs millions de dollars qui découlent des chantiers hydroélectriques actuels, Simon CooCoo travaille à un projet de mini-centrale en plus d'avoir en poche des plans pour une usine de deuxième transformation du bois et une auberge.
Croit-il que les traditions autochtones soient menacées?
«C'est grâce à la langue que la culture existe, le CNA a mis sur pied un programme qui veille aux deux et il n'y a aucun français entre la maternelle et la troisième année», répond celui qui dit constater une meilleure scolarisation avec la formation d'enseignants atikamekws.
La qualité d'un chef?
«Être à l'écoute des gens et c'est un privilège de les écouter. Et mon père me disait qu'il fallait savoir écouter avant de savoir parler», conclut le père de quatre enfants... passablement enracinés dans la région de Wemotaci.
REPÈRES
- Simon CooCoo a pris le chemin du pensionnat dès l'âge de six ans
- Il a été élu chef du Conseil de bande en mai 2006
- La communauté de Wemotaci compte quelque 1500 habitants