L'affichage a débuté il y a quelque temps déjà avec la pose de pancartes en forêt là où les Algonquins pratiquent leurs activités traditionnelles de la chasse, de la pêche et de la trappe. Les affiches pour Pikogan arborent le logo du Conseil de la Première Nation Abitibiwinni et indiquent «Territoire ancestral Abitibiwinni Aki».
«Nous, à Pikogan, ça fait longtemps qu'on pose des affiches sur notre territoire. Ç'avait été un peu délaissé, mais là, nos trappeurs y retournent de plus en plus et occupent le territoire. On pose nos affiches avant le début de la chasse, pour que les chasseurs puissent voir qu'ils sont en territoire algonquin. La trappe fait partie de nos traditions et permet la transmission de notre culture», précise Bruno Kistabish, vice-chef du Conseil de la Première Nation Abitibiwinni.
La manœuvre n'a rien d'hostile, assure ce dernier. «On nous appelait le peuple invisible, avec raison. Mais on n'est plus dans les années 70 ou 80. Il faut se faire voir. On veut rappeler aux gens qu'ils sont en territoire algonquin. Un territoire qu'on n'a jamais cédé, auquel on n'a jamais renoncé. On veut sensibiliser les gens à cette réalité et leur faire prendre conscience de l'étendue de nos territoires ancestraux», précise M. Kistabish, qui rappelle que son conseil veut vivre en harmonie avec les autres communautés autochtones et non autochtones sur son territoire.
S'intensifierCette campagne de sensibilisation entre dans une nouvelle phase, où les deux communautés veulent maintenant s'adresser directement aux citoyens corporatifs et leur rappeler qu'ils doivent être considérés et consultés avant d'entreprendre des travaux sur leur territoire.
«Pour le moment, ce sont nos communautés de Pikogan et de Lac Simon qui le font, mais le mouvement pourrait s'étendre à d'autres communautés»- Bruno Kistabish
«Nous allons installer des affiches identifiant notre territoire à plusieurs endroits stratégiques en région. Nous souhaitons que les citoyens corporatifs soient sensibles et réceptifs à cette visibilité de notre peuple. Pour le moment, ce sont nos communautés de Pikogan et de Lac-Simon qui le font, mais le mouvement pourrait s'étendre à d'autres communautés», estime Bruno Kistabish, rappelant que l'occupation du territoire pour les peuples algonquins remonte à plusieurs millénaires.
Ces nouvelles affiches font quatre pieds par six pieds et montrent les logos des deux communautés, avec les écritures «Anishnabe Aki – Territoire algonquin».
Le Plan NordM. Kistabish a aussi déploré le fait que les Algonquins ne soient pas assis à la table du Plan Nord. «Il faut qu'on soit présent. Ils nous ont oubliés. Pourtant, nos territoires s'étendent au nord du 49e parallèle, soit le territoire couvert par le Plan Nord. Mais nous sommes contents. Nous avons eu quelques contacts avec le ministre responsable des Affaires autochtones, Geoffrey Kelley, et il a démontré une certaine ouverture», a-t-il indiqué.