• Les Innus tenteront de faire annuler les permis temporaires des forestières

    Les Innus de Pessamit ont confirmé qu'ils tenteraient de faire annuler les permis temporaires émis vendredi aux 28 compagnies forestières présentes sur leur territoire de la Côte-Nord, rapporte la Presse canadienne.

    Ils déposeront à cet effet une demande en révision judiciaire pour faire casser la décision du gouvernement du Québec.

    Les autochtones reprochent à l'État d'avoir bafoué son obligation constitutionnelle de les consulter et de les accommoder avant d'autoriser l'exploitation de leurs ressources naturelles.

    Cette obligation a récemment été confirmée par la Cour suprême du Canada dans des décisions touchant des Premières Nations de l'Ouest canadien.

    «Nous sommes entrés de bonne foi dans les discussions avec le gouvernement, mettant de côté pour un temps notre demande de supervision judiciaire. Voilà où cela nous a conduit: les pourparlers ont été interrompus par le gouvernement», a ragé le chef Raphaël Picard.

    D'après les Innus, le gouvernement a agi de manière cavalière en rejetant leur proposition. Le ministère des Ressources naturelles aurait même omis d'informer le Procureur général du Québec de sa décision de renouveller les permis.

    «En ce qui nous concerne, rien ne subsiste du peu de confiance qui nous restait en la bonne foi du gouvernement. Une fois de plus le débat devra se déplacer devant les tribunaux», a souligné le chef Picard.

    Vendredi, Québec disait avoir agi pour éviter que la vie économique de la Côte-Nord soit paralysée. Les permis 2005 des compagnies, parmi lesquelles figurent Abitibi-Consolidated (A) et Louisiana-Pacific, venaient en effet à échéance le 31 mars.

    Les autorisations émises vendredi ne portent toutefois que sur un volume restreint de bois, qui devrait être suffisant pour alimenter les scieries pendant quelques mois. Le gouvernement espérait utiliser cette période pour continuer ses négociations avec les Innus.

    La bande de Pessamit réclame déjà 3,1G$ aux gouvernements du Québec et du Canada en dédommagement pour les travaux forestiers exécutés sur son territoire au cours des dernières décennies.

    Les autochtones poursuivent en outre la compagnie Kruger pour l'empêcher de couper des arbres sur l'île René-Levasseur, située dans le réservoir Manicouagan.

    source: forrum la tribu callumet (voir mes liens)


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  • industrie forestière :Paysages en mutation
    Normand Thériault
    Édition du mercredi 1er mars 2006
     
    Il y avait au Québec une forêt, inépuisable pensait-on. Puis il y eut un film, un rapport. Et l'on constate que l'homme et l'arbre ne font pas bon ménage. Pourtant, c'est par centaines de milliers que l'on compte les Québécois qui vivent de cette ressource première qu'est le bois
    Cabano, vous vous souvenez ? Peut-être pas. De ce petit village, toujours là sur les bords du lac Témiscouata, mais à l'apparence complètement transformée depuis que sa scierie, qui avait survécu auparavant à un incendie majeur ayant rasé en ce début des années 1950 une grande partie du village, est disparue. Une autre victime donc, aussi causée par la rareté avec le temps d'une ressource première, le bois. Les berges du grand lac ont ainsi été rendues accessibles aux citoyens de ce village, qui s'est développé autour de sa source première d'emploi, l'église, quant à elle reléguée avec son cimetière en haut de la côte, veillant ainsi de loin aux intérêts de ses ouailles. Ce Cabano oublié ? Sûrement pas par le nouveau ministre de l'Environnement et du Développement durable, député élu de cette circonscription où le bois a été pour ses commettants la principale source de revenus : Claude Béchard est né dans ce coin de pays où qui parle d'entreprise raconte une richesse générée par l'exploitation des ressources naturelles.
    Les Bûcherons de la Manouane, cela vous dit-il quelque chose ? Avez-vous en tête ces images où l'on voit ce campement indien, itinérant, qui débroussaille ces restes de forêt que les «vrais» bûcherons lui ont laissés pour assurer sa maigre pitance ? Ce film d'Arthur Lamothe rendait hommage à ces Québécois qui ont été longtemps le symbole d'un peuple travailleur ne craignant pas cet effort qui seul permet la survie.
     
    L'Erreur boréale ? Tous connaissent en terre québécoise ce film de Desjardins, ce chanteur-cinéaste-poète dont le projet actuel est d'étaler sur la place publique le triste sort réservé à 8000 Algonquins dont le territoire ancestral subit présentement les coups portés par les avancées d'une autre industrie d'exploitation de ressources, cette fois-ci les mines. Ce documentaire a d'ailleurs eu un tel impact qu'à sa suite une commission a été mise sur pied et que des droits de coupe ont été fortement réduits, conséquence des conclusions auxquelles le «rapport Coulombe» en était arrivé.
     

    Des milliards en jeu
     
    Le Québec est un vaste territoire. Les ressources naturelles y abondent. La taille de sa forêt représente ainsi l'équivalent de plus des deux tiers de toutes les forêts scandinaves. Son exploitation, conjuguée à celles des mines et plus tard de l'eau, explique historiquement que, des bords du fleuve, le peuplement a débordé vers des terres pauvres pour le rendement agricole et au climat à tout le moins rigoureux.
    Avons-nous toutefois le bois en mémoire qu'il faut voir son importance sur la vie économique et sociale des régions. C'est ce à quoi s'applique Guy Chevrette, cet ancien ministre devenu président et directeur général du Conseil de l'industrie forestière du Québec, quand il analyse les conséquences de toute modification aux règles actuelles : «Il y a d'abord des milliers d'emplois qui sont en jeu, lesquels sont de grande qualité et très rémunérateurs. Deuxièmement, ce sont des drames humains vécus dans les régions. Troisièmement, je dirais que c'est carrément la balance commerciale du Québec qui va commencer à chuter; elle affiche un surplus de cinq milliards de dollars parce que l'industrie forestière y contribue pour 10 milliards. Demain matin, elle serait déficitaire de cinq milliards si on n'existait pas.»
    La situation actuelle, dramatique, s'explique de plus d'une manière. D'autant plus qu'au Québec, qui dit bois dit papier. Et le dicton américain «What is good for General Motors is good for America» aurait pu ici se traduire par «Ce qui est bon pour la Consol (ou l'International Papers) est bon pour le Québec». Dans les deux cas, une gestion où le paiement de dividendes primait sur la recherche et le développement, de même que le recours continuel à des formules pourtant jugées ailleurs «dépassées», explique que des usines doivent aujourd'hui fermer. Aussi, il faut admettre que la surexploitation de la ressource, jusqu'à son gaspillage, a atteint son terme. Le modèle américain, qui prime toujours dans le secteur énergétique, n'a plus sa place : on entrevoit déjà le jour où l'exploration ne permettra plus de trouver de nouveaux lieux qui fourniront ce que l'on perd en fumée, d'un côté, et en gaz à effet de serre, de l'autre. Pour l'industrie forestière québécoise, ce jour est arrivé.
    Des régions en transformation
    L'industrie le sait. Et dans les universités, on s'applique à inventer de nouveaux procédés. Chez un grand «joueur» du secteur, Cascades, on produit toujours, s'appuyant toutefois sur une politique de recyclage, sauvant ainsi des forêts vieillissantes. Mais il faut faire encore plus.
    La population sera-t-elle d'accord ? Un indice est éclairant : dans les collèges régionaux, là où sont dispensés des DEC en formation forestière et autres secteurs connexes, les programmes qui tiennent la route sont ceux qui ont une saveur écologique. Car le bois a perdu la cote auprès des jeunes et cela est grave : des milliers d'emplois seront bientôt à combler et seuls les «aînés» semblent le savoir, les jeunes regardant ailleurs, ou quittant tout simplement leur territoire natal.
    Il ne faudra donc pas se surprendre si un jour on découvre que ces sont les «Indiens» des temps modernes qui sont devenus les maîtres de la forêt. Et que, pour de grandes régions, place sera faite aux villégiatures et aux «Skidoo» là où il y avait au départ campements et chenillettes.
     
     

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    Permis des forestières - Québec passe outre les Innus
    Édition du samedi 1er et du dimanche 2 avril 2006
     
    Montréal -- Québec a renouvelé hier les permis annuels des compagnies forestières qui exploitent le territoire des Innus de Pessamit en dépit de l'opposition de la communauté qui exige depuis des années d'être consultée et accommodée.
    Les autorisations émises ne portent cependant que sur un volume restreint de bois. D'ici à ce que la limite soit atteinte, les autochtones et les représentants des gouvernements provincial et fédéral poursuivront leurs discussions afin de s'entendre sur un processus de consultation et d'accommodement acceptable.
    Quelque 27 entreprises, dont Abitibi-Consolidated et Louisiana-Pacific, attendaient avec anxiété les permis qui leur permettront de poursuivre leurs coupes sur 75 000 km 2 de territoire sur la Côte-Nord. Les autorisations de 2005 venaient en effet à échéance hier, le 31 mars.
    «On ne voulait pas que l'activité économique soit paralysée», a souligné Mathieu Saint-Amant, attaché de presse du ministre des Ressources naturelles.
    Le Conseil de l'industrie forestière du Québec (CFIQ), qui représente les scieries et papetières de la région, a été quelque peu déçu de la décision des autorités.
    «C'est inhabituel, un permis de trois mois. Ça nous maintient dans une insécurité qui n'a pas de bon sens. Après le gouvernement nous dit d'investir !», a ragé le p.-d.g. Guy Chevrette.
    «On pense qu'on aurait dû avoir nos permis normaux, d'autant plus que la consultation se fait depuis le mois de janvier de manière assez soutenue et qu'on a fait tout ce qu'il fallait.»
     
    Québec a en outre réussi à fâcher les Innus, qui n'ont même pas été mis au courant des conditions de renouvellement des permis.
     

    En émettant des autorisations temporaires, le gouvernement s'est pourtant rendu à l'une de leurs demandes. «Ça démontre qu'on a un certain poids dans la balance», a reconnu leur représentante, Josée Robitaille.
     
    Le groupe du chef Raphaël Picard se donne quelques jours pour réfléchir aux prochains gestes à poser. Hier, Mme Robitaille disait toutefois qu'il était question de faire une demande de révision judiciaire pour faire annuler les nouveaux permis.
    Après 20 ans de pourparlers, les Innus de Pessamit se sont tournés vers les tribunaux l'an dernier afin de forcer le gouvernement du Québec à respecter son obligation constitutionnelle de les consulter et de les accommoder avant d'autoriser l'exploitation des ressources de leur territoire.
    Cette obligation a été confirmée par la Cour suprême du Canada dans trois affaires touchant des Premières Nations de l'Ouest canadien.
    La bande des 3600 Innus de Pessamit réclame déjà 3,1 milliards de dollars aux gouvernements du Québec et du Canada en dédommagement pour les travaux forestiers exécutés au cours des dernières décennies.
    Édition du samedi 1er et du dimanche 2 avril 2006
     
    Montréal -- Québec a renouvelé hier les permis annuels des compagnies forestières qui exploitent le territoire des Innus de Pessamit en dépit de l'opposition de la communauté qui exige depuis des années d'être consultée et accommodée.
    Les autorisations émises ne portent cependant que sur un volume restreint de bois. D'ici à ce que la limite soit atteinte, les autochtones et les représentants des gouvernements provincial et fédéral poursuivront leurs discussions afin de s'entendre sur un processus de consultation et d'accommodement acceptable.
    Quelque 27 entreprises, dont Abitibi-Consolidated et Louisiana-Pacific, attendaient avec anxiété les permis qui leur permettront de poursuivre leurs coupes sur 75 000 km 2 de territoire sur la Côte-Nord. Les autorisations de 2005 venaient en effet à échéance hier, le 31 mars.
    «On ne voulait pas que l'activité économique soit paralysée», a souligné Mathieu Saint-Amant, attaché de presse du ministre des Ressources naturelles.
    Le Conseil de l'industrie forestière du Québec (CFIQ), qui représente les scieries et papetières de la région, a été quelque peu déçu de la décision des autorités.
    «C'est inhabituel, un permis de trois mois. Ça nous maintient dans une insécurité qui n'a pas de bon sens. Après le gouvernement nous dit d'investir !», a ragé le p.-d.g. Guy Chevrette.
    «On pense qu'on aurait dû avoir nos permis normaux, d'autant plus que la consultation se fait depuis le mois de janvier de manière assez soutenue et qu'on a fait tout ce qu'il fallait.»
     
    Québec a en outre réussi à fâcher les Innus, qui n'ont même pas été mis au courant des conditions de renouvellement des permis.
     

    En émettant des autorisations temporaires, le gouvernement s'est pourtant rendu à l'une de leurs demandes. «Ça démontre qu'on a un certain poids dans la balance», a reconnu leur représentante, Josée Robitaille.
     
    Le groupe du chef Raphaël Picard se donne quelques jours pour réfléchir aux prochains gestes à poser. Hier, Mme Robitaille disait toutefois qu'il était question de faire une demande de révision judiciaire pour faire annuler les nouveaux permis.
    Après 20 ans de pourparlers, les Innus de Pessamit se sont tournés vers les tribunaux l'an dernier afin de forcer le gouvernement du Québec à respecter son obligation constitutionnelle de les consulter et de les accommoder avant d'autoriser l'exploitation des ressources de leur territoire.
    Cette obligation a été confirmée par la Cour suprême du Canada dans trois affaires touchant des Premières Nations de l'Ouest canadien.
    La bande des 3600 Innus de Pessamit réclame déjà 3,1 milliards de dollars aux gouvernements du Québec et du Canada en dédommagement pour les travaux forestiers exécutés au cours des dernières décennies.

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  • Glenn Canyon





    La sécheresse menace de nombreuses régions de notre planète. Mais parfois elle peut réveiller de vieux souvenirs et rendre heureux des nostalgiques.

    Aux Etats-Unis, dans l'Utah, le lac Powell a été créé artificiellement il y a une quarantaine d'années. Sur la rivière Colorado, il fallait maîtriser le débit de l'eau pour répondre notamment aux besoins croissants de villes champignons comme Las Vegas, Los Angeles et Phoenix.

    A l'époque, les écologistes s'étaient élevés contre cette réalisation pharaonique. Ce sont des dizaines de milliers d'hectares qui ont été engloutis pour permettre d'arroser des golfs, des terrains de football ou des piscines dans les villas.

    C'est une vie qui a disparu, les rares habitants du secteur ont du s'exiler et laisser sur place toute une histoire, une culture, celle des Indiens Anasazie, par exemple.

    Depuis quelques temps, la nature semble reprendre le dessus sur les ambitions des hommes. Le niveau de l'eau de Glenn Canyon a chuté de plus de quarante mètres remettant au jour les vestiges de la vie d'avant.

    Une vie qui peut remonter très loin puisque l'on a découvert des empreintes de dinosaures, des pièces archéologiques de plusieurs milliers d'années.

    Plus près de nous, Daniel Glick, un journaliste américain, a été témoin de retrouvailles d'anciens riverains avec les traces de leur enfance…

    "J'ai pu voir des endroits qui étaient complètement inondés pendant des dizaines d'années. Ca a baissé à peu près de quarante cinq mètres. Il y a des milliers d'hectares qui ont été redécouverts. Et j'ai vu des gens qui regardaient des ruines des Indiens Anasazies et ils m'ont raconté que quand ils étaient petits, leurs grands-parents ont vécu dans ce canyon. Ils disaient : c'était là la maison de ma grand-mère, c'est là que l'on jouait quand on était petit. Et ils ont pu revenir pour voir ça, c'était très touchant."

    Daniel Glick reste prudent sur l'avenir de Glenn Canyon et du Lac Powell. Car le risque est que sans débit suffisant, l'eau stagnante ne se transforme en vase.
    http://www.radiofrance.fr/chaines/france-info/chroniques/aventuriers/

    La terre nous en apprend plus long sur nous que tous les livres. Parce qu'elle nous résiste. L'homme se découvre quand il se mesure avec l'obstacle.


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  • Nouvelle bisbille Québec-Ottawa
    Mario Cloutier
    La Presse

    Sans déterrer la hache de guerre, Québec et Ottawa se toisent une fois de plus dans le délicat dossier des affaires autochtones.
    Devant la Cour supérieure, les Innus de Pessamit (Betsiamites) et Québec ont convenu hier de se rencontrer jeudi au sujet d'une consultation sur le renouvellement des permis de coupes forestières sur 75 000 km² de la Côte-Nord.
    Le gouvernement fédéral refuse d'adhérer à la démarche puisque, dit-il, les ressources naturelles sont de compétence provinciale
    «On ne veut vraiment pas créer de précédent», avoue le procureur du fédéral, Éric Gingras. En observant la discussion Québec-Innus, plutôt que d'y participer, Ottawa se réserve aussi une marge de manoeuvre face à nombre d'autres revendications autochtones au pays qui pourraient s'inspirer de ce qui se passe présentement au Québec.
    Travaillant «main dans la main» avec les représentants des Innus sur une éventuelle entente de dernière minute, le procureur du gouvernement québécois, Patrice Peltier-Rivest, s'est dit «consterné» par l'attitude fédérale qu'il qualifie de tentative de «niveler vers le bas» la future consultation Québec-Pessamit.
    Dans ce dossier, le gouvernement québécois tient compte du plus récent avis de la Cour suprême, l'arrêt Haïda, affirmant que les gouvernements ont une «obligation constitutionnelle de consulter et d'accommoder» les autochtones, dans le domaine des ressources naturelles, notamment.
    À Ottawa, il en va tout autrement. Aux prises avec des dizaines de tables de négociation autochtones, le gouvernement fédéral tente de gagner du temps face à ses propres obligations.
    Néanmoins, la compagnie Kruger, qui possède deux contrats de coupes forestières en territoire revendiqué par Pessamit, se dit satisfaite de l'état des échanges entre Québec et les autochtones, qui ne portent pas toutefois sur l'île René-Levasseur, objet d'un autre litige.
    «C'est une excellente nouvelle, affirme le porte-parole Jean Majeau. Nous avons toujours voulu tenir compte des préoccupations des Innus dans nos activités forestières.»

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